e irrevocable dans cette
lutte, et repoussa les coalises par un premier effort. Sa colere doubla le
nombre de ses ennemis; l'accroissement de ses ennemis et du danger redoubla
sa colere, et la changea en fureur. Elle arracha violemment du temple des
lois des republicains sinceres, mais qui, ne comprenant pas ses extremites,
voulaient la moderer. Alors elle eut a combattre une moitie de la France,
la Vendee et l'Europe. Par l'effet de cette action et de cette reaction
continuelles des obstacles sur sa volonte, et de sa volonte sur les
obstacles, elle arriva au dernier degre de peril et d'emportement; elle
eleva des echafauds, et envoya un million d'hommes sur les frontieres.
Alors sublime et atroce a la fois, on la vit detruire avec une fureur
aveugle, administrer avec une promptitude surprenante et une prudence
profonde. Changee par le besoin d'une action forte, de democratie
turbulente en dictature absolue, elle devint reglee, silencieuse et
formidable. Pendant toute la fin de 93 jusqu'au commencement de 94, elle
marcha unie par l'imminence du peril. Mais quand la victoire eut couronne
ses efforts, a la fin de 93, un dissentiment put naitre alors, car des
coeurs genereux et forts, calmes par le succes, criaient: "Misericorde aux
vaincus!" Mais tous les coeurs n'etaient pas calmes encore; le salut de la
revolution n'etait pas evident a tous les esprits; la pitie des uns excita
la fureur des autres, et il y eut des extravagans qui voulurent pour tout
gouvernement un tribunal de mort. La dictature frappa les deux nouveaux
partis qui embarrassaient sa marche. Hebert, Ronsin, Vincent, perirent avec
Danton, Camille Desmoulins. La revolution continua ainsi sa carriere, se
couvrit de gloire des le commencement de 1794, vainquit toute l'Europe, et
la couvrit de confusion. C'etait le moment ou la pitie devait enfin
l'emporter sur la colere. Mais il arriva ce qui arrive toujours: de
l'incident d'un jour on voulut faire un systeme. Les chefs du gouvernement
avaient systematise la violence et la cruaute, et, lorsque les dangers et
les fureurs etaient passes, voulaient egorger et egorger encore; mais
l'horreur publique s'elevait de toutes parts. A l'opposition, ils voulaient
repondre par le moyen accoutume: la mort! Alors un meme cri partit a la
fois de leurs rivaux de pouvoir, de leurs collegues menaces, et ce cri fut
le signal du soulevement general. Il fallut quelques instans pour secouer
l'engourdissement de la crainte; mais on y r
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