tions injurieuses
aux legislateurs et par des rassemblemens trop nombreux, la marche rapide
que la justice nationale doit prendre a cette epoque?"
[Illustration: LES MODERES MIS EN LIBERTE.]
Les sollicitations de toute espece, en effet, assiegeaient le comite de
surete generale. Les femmes surtout usaient de leur influence pour obtenir
des actes de clemence, meme en faveur d'ennemis connus de la revolution. Il
y eut plus d'une surprise faite au comite: les ducs d'Aumont et de
Valentinois furent elargis sous des noms supposes, et il y en eut un grand
nombre d'autres qui se sauverent au moyen des memes subterfuges. Il y avait
peu de mal a cela; car, comme l'avait dit Barrere, la victoire avait marque
l'epoque ou la republique pouvait devenir facile et indulgente. Mais le
bruit repandu qu'on elargissait beaucoup d'aristocrates pouvait de nouveau
reveiller les defiances revolutionnaires, et rompre l'espece d'unanimite
avec laquelle on accueillait les mesures de douceur et de paix.
Les sections etaient agitees et devenaient tumultueuses. Il n'etait pas
possible, en effet, que les parens des detenus ou des victimes, que les
suspects recemment elargis, que tous ceux enfin a qui la parole etait
rendue, se bornassent a demander la reparation d'anciennes rigueurs sans
demander des vengeances. Presque tous etaient furieux contre les comites
revolutionnaires, et s'en plaignaient hautement. Ils voulaient les
recomposer, les abolir meme; et ces discussions amenerent quelques troubles
dans Paris. La section de Montreuil vint denoncer les actes arbitraires de
son comite revolutionnaire; celle du Pantheon francais declara que son
comite avait perdu sa confiance; celle du Contrat-Social prit aussi a
l'egard du sien des mesures severes, et nomma une commission pour verifier
ses registres.
C'etait la une reaction naturelle de la classe moderee, long-temps reduite
au silence et a la terreur par les inquisiteurs des comites
revolutionnaires. Ces mouvemens ne pouvaient manquer de frapper l'attention
de la Montagne.
Cette terrible Montagne n'avait pas peri avec Robespierre, et lui avait
survecu. Quelques-uns de ses membres etaient restes convaincus de la
probite, de la loyaute des intentions de Robespierre, et ne croyaient pas
qu'il eut voulu usurper. Ils le regardaient comme la victime des amis de
Danton et du parti corrompu, dont il n'avait pu reussir a detruire les
restes; mais c'etait le tres petit nombre qui pensait de la sorte.
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