st la guerre civile_. Bientot on repete ce mot dans la
salle, et plusieurs voix s'ecrient: _C'est la guerre civile!_ "Oui, reprend
aussitot Tallien qui remonte a la tribune, oui, _c'est la guerre civile_.
Je le pense comme vous. Vos deux decrets mettront en presence deux especes
d'hommes qui ne pourront pas se pardonner. Mais j'ai voulu, en vous
proposant le second decret, vous faire sentir l'inconvenient du premier.
Maintenant je vous propose de les rapporter tous les deux." De toutes parts
on s'ecrie: "Oui, oui, le rapport des deux decrets!" Amar le demande
lui-meme, et les deux decrets sont rapportes. Toute impression de liste est
donc ecartee, grace a cette surprise adroite et hardie que Tallien venait
de faire a l'assemblee.
Cette seance rendit la securite a une foule de gens qui commencaient a la
perdre; mais elle prouva que toutes les passions n'etaient pas eteintes,
que toutes les luttes n'etaient pas terminees. Les partis avaient tous ete
frappes a leur tour, et avaient perdu leurs tetes les plus illustres: les
royalistes, a plusieurs epoques; les girondins, au 31 mai; les dantonistes,
en germinal; les montagnards exaltes, au 9 thermidor. Mais si les chefs les
plus illustres avaient peri, leurs partis survivaient; car les partis ne
succombent pas sous un seul coup, et leurs restes s'agitent long-temps
apres eux. Ces partis allaient tour a tour se disputer encore la direction
de la revolution, et recommencer une carriere laborieuse et ensanglantee.
Il fallait, en effet, que les esprits, arrives par l'excitation du danger
au dernier degre d'emportement, revinssent progressivement au point d'ou
ils etaient partis; pendant ce retour, le pouvoir devait repasser de mains
en mains, et on allait voir les memes luttes de passions, de systemes et
d'autorite.
Apres ces premiers soins donnes a la reparation de beaucoup de rigueurs, la
convention songea a l'organisation des comites, et du gouvernement
provisoire, qui devait, comme on sait, regir la France jusqu'a la paix
generale. Une premiere discussion s'etait elevee, comme on vient de le
voir, sur le comite de salut public, et la question avait ete renvoyee a
une commission chargee de presenter un nouveau plan. Il etait urgent de
s'en occuper, et c'est ce que fit l'assemblee dans les premiers jours de
fructidor (aout). Elle etait placee entre deux systemes et deux ecueils
opposes: la crainte d'affaiblir l'autorite chargee du salut de la
revolution, et la crainte de rec
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