recevoir des temoignages de la plus vive reconnaissance,
faire oublier d'anciennes rigueurs, etait un role qui devait les tenter.
Deja ceux qui se defiaient de leur complaisance, comme ceux qui esperaient
en elle, leur donnaient un nom a part: ils les appelaient les
_Thermidoriens_.
Il s'elevait, souvent, les contestations les plus vives au sujet des
elargissemens. Ainsi, par exemple, sur la recommandation d'un depute, qui
disait connaitre un individu de son departement, le comite ordonnait la
mise en liberte; aussitot un depute du meme departement venait se plaindre
de cette mise en liberte, et pretendait qu'on avait elargi un aristocrate.
Ces contestations, l'apparition d'une multitude d'ennemis connus de la
revolution, qui se montraient la joie sur le front, provoquerent une mesure
qui fut adoptee sans qu'on y attachat d'abord beaucoup d'importance. Il fut
decide qu'on imprimerait la liste de tous les individus elargis par les
ordres du comite de surete generale, et qu'a cote du nom de l'individu
elargi, serait inscrit le nom des personnes qui avaient reclame pour lui,
et qui avaient repondu de ses principes.
Cette mesure produisit une impression extremement facheuse. Frappes de la
recente oppression qu'ils venaient de subir, beaucoup de citoyens furent
effrayes de voir leurs noms consignes sur une liste qui pourrait servir a
exercer de nouvelles rigueurs si le regime de la terreur etait jamais
retabli. Beaucoup de ceux qui avaient deja reclame et obtenu des
elargissemens en eurent du regret, et beaucoup d'autres ne voulurent plus
en demander. On se plaignit vivement dans les sections de ce retour a des
mesures qui troublaient la confiance et la joie publiques, et on demanda
qu'elles fussent revoquees.
Le 26 thermidor, on s'entretenait dans l'assemblee de l'agitation qui
regnait dans les sections de Paris. La section de Montreuil etait venue
denoncer son comite revolutionnaire. On lui avait repondu qu'il fallait
s'adresser au comite de surete generale. Duhem, depute de Lille, etranger
aux actes de la derniere dictature, mais ami de Billaud, partageant toutes
ses opinions, et convaincu qu'il ne fallait pas que l'autorite
revolutionnaire se relachat de ses rigueurs, s'eleva vivement contre
l'aristocratie et le moderantisme, qui, disait-il, levaient deja leurs
tetes audacieuses, et s'imaginaient que le 9 thermidor s'etait fait a leur
profit. Baudot, Taillefer, qui avaient montre une opposition courageuse
sous le r
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