Lebon fut aussitot
decrete d'arrestation. On revint sur David, qu'on s'etait contente d'abord
d'exclure du comite de surete generale, et il fut mis aussi en arrestation.
On prit la meme mesure contre Heron, le chef des agens de la police
instituee par Robespierre; contre le general Rossignol, deja bien connu;
contre Hermann, president du tribunal revolutionnaire avant Dumas, et
devenu, par les soins de Robespierre, le chef de la commission des
tribunaux.
Ainsi le tribunal revolutionnaire etait suspendu, la loi du 22 prairial
rapportee, les comites de salut public et de surete generale recomposes en
partie, les principaux agens de la derniere dictature arretes et
poursuivis. Le caractere de la derniere revolution se prononcait; l'essor
etait donne aux esperances et aux reclamations de toute espece. Les detenus
qui remplissaient les prisons, leurs familles, se disaient avec joie qu'ils
allaient jouir des resultats de la journee du 9. Avant ce moment heureux,
les parens des suspects n'osaient plus reclamer, meme pour faire valoir les
raisons les plus legitimes, dans la crainte, soit d'eveiller l'attention de
Fouquier-Tinville, soit d'etre incarceres eux-memes pour avoir sollicite en
faveur des aristocrates. Le temps des terreurs etait passe. On commenca a
se reunir de nouveau dans les sections; autrefois abandonnees aux
sans-culottes payes a quarante sous par jour, elles furent aussitot
remplies de gens qui venaient de reparaitre a la lumiere, de parens des
prisonniers, de peres, freres, ou fils des victimes immolees par le
tribunal revolutionnaire. Le desir de delivrer leurs proches animait les
uns; la vengeance animait les autres. On demanda dans toutes les sections
la liberte des detenus, et on se rendit a la convention pour l'obtenir
d'elle. Ces demandes furent renvoyees au comite de surete generale, qui
etait charge de verifier l'application de la loi des suspects. Quoiqu'il
renfermat encore le plus grand nombre des individus qui avaient signe les
ordres d'arrestation, la force des circonstances et l'adjonction de
nouveaux membres devaient le faire incliner a la clemence. Il commenca en
effet a prononcer les elargissemens en foule. Quelques-uns de ses membres,
tels que Legendre, Merlin et autres, parcoururent les prisons pour entendre
les reclamations, et y repandirent la joie par leur presence et leurs
paroles; les autres, siegeant jour et nuit, recurent les sollicitations des
parens, qui se pressaient pour demander
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