te, proposaient d'ecrire aux armees et aux provinces, ne savaient pas
au nom de qui ils devaient ecrire, et n'osaient pas prendre un parti
decisif. Si Robespierre eut ose, en homme d'action, se montrer et marcher
sur la convention, elle eut ete mise en peril. Mais il n'etait qu'un
rheteur, et d'ailleurs il sentait, et tous ses partisans sentaient avec
lui, que l'opinion les abandonnait. La fin de cet affreux regime etait
arrivee; la convention etait partout obeie, et les mises hors la loi
produisaient un effet magique. Eut-il ete doue d'une plus grande energie,
il aurait ete decourage par ces circonstances, superieures a toute force
individuelle. Le decret de mise hors la loi frappa tout le monde de
stupeur, lorsque de la place de la commune il parvint a l'Hotel-de-Ville.
Payan, qui le recut, le lut a haute voix, et, avec une grande presence
d'esprit, ajouta a la liste des personnes mises hors la loi _le peuple des
tribunes_, ce qui n'etait pas dans le decret. Contre son attente le peuple
des tribunes s'echappa avec effroi, ne voulant pas partager l'anatheme
lance par la convention. Alors le plus grand decouragement s'empara des
conjures. Henriot descendit sur la place pour haranguer les canonniers,
mais il ne trouva plus un seul homme. Il s'ecria en jurant: "Comment! ces
scelerats de canonniers, qui m'ont sauve il y a quelques heures,
m'abandonnent maintenant!" Alors il remonte furieux pour annoncer cette
nouvelle au conseil. Les conjures sont plonges dans le desespoir; ils se
voient abandonnes par leurs troupes, et cernes de tous cotes par celles de
la convention; ils s'accusent, et se reprochent leur malheur. Coffinhal,
homme energique, et qui avait ete mal seconde, s'indigne contre Henriot, et
lui dit: "Scelerat, c'est ta lachete qui nous a perdus." Il se precipite
sur lui, et, le saisissant au milieu du corps, le jette par une fenetre. Le
miserable Henriot tombe sur un tas d'ordures, qui amortissent la chute, et
empechent qu'elle ne soit mortelle. Lebas se tire un coup de pistolet;
Robespierre jeune se jette par une fenetre; Saint-Just reste calme et
immobile, une arme a la main, et sans vouloir se frapper; Robespierre se
decide enfin a terminer sa carriere, et trouve dans cette extremite le
courage de se donner la mort. Il se tire un coup de pistolet qui, portant
au-dessous de la levre, lui perce seulement la joue, et ne lui fait qu'une
blessure peu dangereuse.
Dans ce moment, quelques hommes hardis, le nomme Dulac
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