qu'ils n'etaient pas
les auteurs des listes de proscription. Quelques-uns s'avouant coupables,
disaient cependant avoir retranche des noms; l'un n'en avait donne que
quarante, sur deux cents qu'on lui demandait; un autre avait detruit des
listes entieres. Dans leur effroi, ces miserables s'accusaient
reciproquement, et se renvoyaient l'infamie les uns aux autres.
Les deputes repandus dans les sections n'avaient pas eu de peine a
l'emporter sur les obscurs envoyes de la commune. Les sections qui avaient
achemine leurs bataillons a l'Hotel-de-Ville les rappelaient, les autres
dirigeaient les leurs vers le Palais-National. Deja ce palais etait
suffisamment entoure. Barras vint l'annoncer a l'assemblee, et courut
ensuite a la plaine des Sablons, pour remplacer Labreteche, qui etait
destitue, et amener l'ecole de Mars au secours de la convention.
La representation nationale se trouvait maintenant a l'abri d'un coup de
main. En effet, c'etait le cas de marcher sur la commune, et de prendre
l'initiative qu'elle ne prenait pas elle-meme. On se decide a marcher sur
l'Hotel-de-Ville. Leonard Bourdon, qui etait a la tete d'un grand nombre de
bataillons, se met en marche. Au moment ou il annonce qu'il va s'acheminer
sur les rebelles. "Pars, lui dit Tallien qui occupait le fauteuil, et que
le soleil en se levant ne trouve plus les conspirateurs vivans." Leonard
Bourdon debouche par les quais, et arrive sur la place de l'Hotel-de-Ville.
Un grand nombre de gendarmes, de canonniers, et de citoyens armes des
sections, s'y trouvaient encore. Un agent du comite de salut public, nomme
Dulac, a le courage de se glisser dans leurs rangs, et de leur lire le
decret de la convention qui mettait la commune hors la loi. Le respect
qu'on avait contracte pour cette assemblee, au nom de qui tout se faisait
depuis deux ans, le respect pour les mots de loi et de republique,
l'emportent. Les bataillons se separent: les uns retournent chez eux, les
autres se reunissent a Leonard Bourdon, et la place de la commune reste
deserte. Ceux qui la gardaient, et ceux qui viennent d'arriver pour
l'attaquer, se rangent dans les rues environnantes pour occuper toutes les
avenues.
On avait une telle idee de la resolution des conspirateurs, et on etait si
etonne de les voir presque immobiles dans l'Hotel-de-Ville, qu'on hesitait
a approcher. Leonard Bourdon craignait qu'ils n'eussent mine
l'Hotel-de-Ville. Cependant il n'en etait rien; ils deliberaient en
tumul
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