es cris de fureur. Louchet dit: "Il faut en finir;
l'arrestation contre Robespierre!--Loseau ajoute: L'accusation contre ce
denonciateur!--L'accusation! l'accusation!" crient une foule de deputes.
Louchet se leve, et regardant autour de lui, demande si on l'appuie. "Oui,
oui, repondent cent voix." Robespierre le jeune dit de sa place: "Je
partage les crimes de mon frere, unissez-moi a lui." On fait a peine
attention a ce devouement. "L'arrestation! l'arrestation!" crie-t-on
encore. Dans ce moment, Robespierre, qui n'avait pas cesse d'aller de sa
place au bureau, et du bureau a sa place, s'approche de nouveau du
president et lui demande la parole. Mais Thuriot, qui remplacait
Collot-d'Herbois au fauteuil, ne lui repond qu'en agitant sa sonnette.
Alors Robespierre se tourne vers la Montagne et n'y trouve que des amis
glaces ou des ennemis furieux; il dirige ensuite ses yeux vers la Plaine.
"C'est a vous, dit-il, hommes purs, hommes vertueux, c'est a vous que je
m'adresse et non aux brigands." On detourne la tete, ou on le menace.
Enfin, il se reporte encore vers le president, et s'ecrie: "Pour la
derniere fois, president des assassins, je te demande la parole." Il
prononce ces derniers mots d'une voix etouffee et presque eteinte. "Le sang
de Danton t'etouffe," lui dit Garnier (de l'Aube). Duval, impatient de
cette lutte, se leve et dit: "President, est-ce que cet homme sera encore
long-temps le maitre de la convention?--Ah! qu'un tyran est dur a abattre!
ajoute Freron.--Aux voix! aux voix!" s'ecrie Loseau. L'arrestation tant
proposee est enfin mise aux voix et decretee au milieu d'un tumulte
epouvantable. A peine le decret est-il rendu, que de tous les cotes de la
salle on se leve en criant: Vive la liberte! vive la republique! les tyrans
ne sont plus!
Une foule de membres se levent, et disent qu'ils ont entendu voter pour
l'arrestation des complices de Robespierre, Saint-Just et Couthon. Aussitot
on les ajoute au decret. Lebas demande a y etre adjoint; on lui accorde sa
demande ainsi qu'a Robespierre jeune. Ces hommes inspiraient encore une
telle apprehension, que les huissiers de la salle n'avaient pas ose se
presenter pour les traduire a la barre. En voyant qu'ils etaient restes sur
leurs sieges, on demande pourquoi ils ne descendent pas a la place des
accuses; le president repond que les huissiers n'ont pas pu faire executer
l'ordre. Le cri: A la barre! a la barre! devient aussitot general. Les cinq
accuses y descende
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