bespierre a toujours cherche a dominer les comites;
qu'il s'est retire lorsqu'on a resiste a sa loi du 22 prairial, et a
l'usage qu'il se proposait d'en faire; qu'il a voulu conserver le noble
Lavalette, conspirateur a Lille, dans la garde nationale; qu'il a empeche
l'arrestation d'Henriot, complice d'Hebert, pour s'en faire une creature;
qu'il s'est oppose en outre a l'arrestation d'un secretaire du comite, qui
avait vole cent quatorze mille francs; qu'il a fait enfermer au moyen de
son bureau de police, le meilleur comite revolutionnaire de Paris; qu'il a
toujours fait en tout sa volonte, et qu'il a voulu se rendre maitre absolu.
Billaud ajoute qu'il pourrait citer encore beaucoup d'autres faits, mais
qu'il suffira de dire qu'hier les agens de Robespierre aux Jacobins, les
Dumas, les Coffinhal se sont promis de decimer la convention nationale.
Tandis que Billaud enumerait ces griefs, l'assemblee laissait echapper par
intervalle des mouvemens d'indignation. Robespierre, livide de colere,
avait quitte son siege et gravi l'escalier de la tribune. Place derriere
Billaud, il demandait la parole au president avec une extreme violence. Il
saisit le moment ou Billaud vient d'achever, pour la redemander encore plus
vivement. "A bas le tyran! a bas le tyran!" s'ecrie-t-on dans toutes les
parties de la salle. Deux fois ce cri accusateur s'eleve, et annonce que
l'assemblee ose enfin lui donner le nom qu'il meritait. Tandis qu'il
insiste, Tallien, qui s'est elance a la tribune, reclame la parole, et
l'obtient avant lui. "Tout a l'heure, dit-il, je demandais que le voile fut
entierement dechire; je m'apercois qu'il vient de l'etre. Les conspirateurs
sont demasques.
Je savais que ma tete etait menacee, et jusqu'ici j'avais garde le silence;
mais hier j'ai assiste a la seance des jacobins, j'ai vu se former l'armee
du nouveau Cromwell, j'ai fremi pour la patrie, et je me suis arme d'un
poignard pour lui percer le sein, si la convention n'avait pas le courage
de le decreter d'accusation." En achevant ces mots, Tallien montre son
poignard, et l'assemblee le couvre d'applaudissemens. Il propose alors
l'arrestation du chef des conspirateurs, Henriot. Billaud propose d'y
ajouter celle du president Dumas, et du nomme Boulanger, qui, la veille, a
ete l'un des agitateurs les plus ardens aux Jacobins. On decrete
sur-le-champ l'arrestation de ces trois coupables.
Barrere entre dans ce moment, pour faire a l'assemblee les propositions que
le
|