nvention la destitution d'Henriot, et l'appel a la barre du
maire et de l'agent national.
Saint-Just courut a la hate ecrire son rapport qui n'etait pas encore
redige, et denonca avec plus de brievete et de force que ne l'avait fait
Robespierre, la conduite des comites envers leurs collegues,
l'envahissement de toutes les affaires, l'orgueil de Billaud-Varennes, et
les fausses manoeuvres de Carnot, qui avait transporte l'armee de Pichegru
sur les cotes de la Flandre, et avait voulu arracher seize mille hommes a
Jourdan. Ce rapport etait aussi perfide, mais bien autrement habile que
celui de Robespierre. Saint-Just resolut de le lire a la convention sans le
montrer aux comites.
Tandis que les conjures se concertaient entre eux, les montagnards, qui
jusqu'ici s'etaient bornes a se communiquer leurs craintes, mais qui
n'avaient pas forme de complot, couraient les uns chez les autres, et se
promettaient pour le lendemain d'attaquer Robespierre d'une maniere plus
formelle, et de le faire decreter s'il etait possible. Il leur fallait pour
cela le concours des deputes de la Plaine, qu'ils avaient souvent menaces,
et que Robespierre, affectant le role de moderateur, avait autrefois
defendus. Ils avaient donc peu de titres a leur faveur. Ils allerent
cependant trouver Boissy-d'Anglas, Durand-Maillane, Palesne-Champeaux, tous
trois constituans, dont l'exemple devait decider les autres. Ils leur
dirent qu'ils seraient responsables de tout le sang que verserait encore
Robespierre, s'ils ne consentaient a voter contre lui. Repousses d'abord
ils revinrent a la charge jusqu'a trois fois, et obtinrent enfin la
promesse desiree. On courut encore toute la matinee du 9; Tallien promit de
livrer la premiere attaque, et demanda seulement qu'on osat le suivre.
Chacun courait a son poste; le maire Fleuriot, l'agent national Payan,
etaient a la commune. Henriot etait a cheval avec ses aides-de-camp, et
parcourait les rues de Paris. Les Jacobins avaient commence une seance
permanente. Les deputes, debout des le matin, s'etaient rendus a la
convention avant l'heure accoutumee. Ils parcouraient les couloirs en
tumulte, et les montagnards les entretenaient avec vivacite, pour les
decider en leur faveur. Il etait onze heures et demie. Tallien, a l'une des
portes de la salle, parlait a quelques-uns de ses collegues, lorsqu'il voit
entrer Saint-Just, qui monte a la tribune: "C'est le moment, s'ecrie-t-il,
entrons!" On le suit, les bancs se garnis
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