nt devant eux, et repandant par leur
presence la terreur dans le pays. Les hotes, les amis de Robespierre
faisaient soupconner par leur indiscretion beaucoup plus de projets qu'il
n'en meditait, et qu'il n'avait le courage d'en preparer. A Paris, il etait
toujours entoure des memes personnages; il etait suivi de loin en loin par
quelques jacobins ou jures du tribunal, gens devoues, portant des batons et
des armes secretes, et prets a courir a son secours au premier danger. On
les nommait ses gardes-du-corps.
De leur cote, Billaud-Varennes, Collot-d'Herbois, Barrere, s'emparaient du
maniement de toutes les affaires, et, en l'absence de leur rival,
s'attachaient Carnot, Robert Lindet et Prieur (de la Cote-d'Or). Un interet
commun rapprochait d'eux le comite de surete generale; du reste, ils
gardaient tous le plus grand silence. Ils cherchaient a diminuer peu a peu
la puissance de leur adversaire, en reduisant la force armee de Paris. Il
existait quarante-huit compagnies de canonniers, appartenant aux
quarante-huit sections, parfaitement organisees, et ayant fait preuve dans
toutes les circonstances de l'esprit le plus revolutionnaire. Toujours
elles s'etaient rangees pour le parti de l'insurrection, depuis le 10 aout
jusqu'au 31 mai. Un decret ordonnait d'en laisser la moitie au moins dans
Paris, mais permettait de deplacer le reste. Billaud et Collot ordonnerent
au chef de la commission du mouvement des armees, de les acheminer
successivement vers la frontiere. Dans toutes leurs operations, ils se
cachaient beaucoup de Couthon, qui, ne s'etant pas retire comme
Robespierre, les observait soigneusement, et leur etait incommode. Pendant
que ces choses se passaient, Billaud, sombre, atrabilaire, quittait
rarement Paris; mais le spirituel et voluptueux Barrere allait a Passy avec
les principaux membres du comite de surete generale, avec le vieux Vadier,
avec Vouland et Amar. Ils se reunissaient chez Dupin, ancien
fermier-general, fameux dans l'ancien regime par sa cuisine, et dans la
revolution par le rapport qui envoya les fermiers-generaux a la mort. La,
ils se livraient a tous les plaisirs avec de belles femmes, et Barrere
exercait son esprit contre le pontife de l'Etre supreme, le premier
prophete, le fils cheri de la mere de Dieu. Apres s'etre egayes, ils
sortaient des bras de leurs courtisanes, pour revenir a Paris, au milieu du
sang et des rivalites.
De leur cote, les vieux membres de la Montagne qui se sentaient men
|