les peuples la paix,
la justice et le bonheur. Une nation n'est pas illustree pour avoir abattu
des tyrans ou enchaine des peuples. Ce fut le sort des Romains et de
quelques autres nations: notre destinee, beaucoup plus sublime, est de
fonder sur la terre l'empire de la sagesse, de la justice et de la vertu."
(Seance des Jacobins du 21 messidor--9 juillet.)
Robespierre etait absent du comite depuis les derniers jours de prairial.
On etait aux premiers de thermidor. Il y avait pres de quarante jours qu'il
s'etait separe de ses collegues; il etait temps de prendre une resolution.
Ses affides disaient hautement qu'il fallait un 31 mai: les Dumas, les
Henriot, les Payan, le pressaient d'en donner le signal. Il n'avait pas,
pour les moyens violens, le meme gout qu'eux, et il ne devait pas partager
leur impatience brutale. Habitue a tout faire par la parole, et respectant
davantage les lois, il aimait mieux essayer d'un discours dans lequel il
denoncerait les comites, et demanderait leur renouvellement. S'il
reussissait par cette voie de douceur, il etait maitre absolu, sans danger,
et sans soulevement. S'il ne reussissait pas, ce moyen pacifique n'excluait
pas les moyens violens; il devait au contraire les devancer. Le 31 mai
avait ete precede de discours reiteres, de sommations respectueuses, et ce
n'etait qu'apres avoir demande, sans obtenir, qu'on avait fini par exiger.
Il resolut donc d'employer les memes moyens qu'au 31 mai, de faire d'abord
presenter une petition par les jacobins, de prononcer apres un grand
discours, et enfin de faire avancer Saint-Just avec un rapport. Si tous ces
moyens ne suffisaient pas, il avait les jacobins, la commune et la force
armee de Paris. Mais il esperait du reste n'etre pas reduit a renouveler la
scene du 2 juin. Il n'avait pas assez d'audace, et avait encore trop de
respect envers la convention, pour le desirer.
Depuis quelque temps il travaillait a un discours volumineux, ou il
s'attachait a devoiler les abus du gouvernement, et a rejeter tous les maux
qu'on lui imputait sur ses collegues. Il ecrivit a Saint-Just de revenir de
l'armee; il retint son frere qui aurait du partir pour la frontiere
d'Italie; il parut chaque jour aux jacobins, et disposa tout pour
l'attaque. Comme il arrive toujours dans les situations extremes, divers
incidens vinrent augmenter l'agitation generale. Un nomme Magenthies fit
une petition ridicule, pour demander la peine de mort contre ceux qui se
permettr
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