tans, et puis, s'ils sont des
barbares, qu'ils les tuent et les mangent, si ca leur plait."
Ainsi nos armees agissant d'abord sur le centre ennemi, et le trouvant trop
fort, s'etaient partagees en deux ailes, et avaient marche, l'une sur la
Lys, et l'autre sur la Sambre. Pichegru avait d'abord battu Clerfayt a
Moucroen et a Courtray, puis Cobourg et le duc d'York a Turcoing, et enfin
Clerfayt encore a Hooglede. Apres plusieurs passages de la Sambre toujours
infructueux, Jourdan, amene par une heureuse idee de Carnot sur la Sambre,
avait decide le succes de notre aile droite a Fleurus. Des cet instant,
debordes sur les deux ailes, les coalises nous avaient abandonne les
Pays-Bas. Tel etait le resultat de la campagne. De toutes parts on
celebrait nos etonnans succes. La victoire de Fleurus, l'occupation de
Charleroi, Ypres, Tournay, Oudenarde, Ostende, Bruges, Gand et Bruxelles,
la reunion enfin de nos armees dans cette capitale, etaient vantees comme
des prodiges. Ces succes ne rejouissaient pas Robespierre, qui voyait
grandir la reputation du comite, et surtout celle de Carnot, auquel, il
faut le dire, on attribuait beaucoup trop les avantages de la campagne.
Tout ce que les comites faisaient de bien ou gagnaient de gloire en
l'absence de Robespierre devait s'elever contre lui, et faire sa propre
condamnation. Une defaite, au contraire, eut ranime a son profit les
fureurs revolutionnaires, lui aurait permis d'accuser les comites d'inertie
ou de trahison, aurait justifie sa retraite depuis quatre decades, aurait
donne une haute idee de sa prevoyance, et porte sa puissance au comble. Il
s'etait donc mis dans la plus triste des positions, celle de desirer des
defaites; et tout prouve qu'il les desirait. Il ne lui convenait ni de le
dire, ni de le laisser apercevoir; mais malgre lui, on l'entrevoyait dans
ses discours; il s'efforcait, en parlant aux jacobins, de diminuer
l'enthousiasme qu'inspiraient les succes de la republique; il insinuait que
les coalises se retiraient devant nous comme ils l'avaient fait devant
Dumouriez, mais pour revenir bientot; qu'en s'eloignant momentanement de
nos frontieres, ils voulaient nous livrer aux passions que developpe la
prosperite. Il ajoutait du reste "que la victoire sur les armees ennemies
n'etait pas celle apres laquelle on devait le plus aspirer. La veritable
victoire, disait-il, est celle que les amis de la liberte remportent sur
les factions; c'est cette victoire qui rappelle chez
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