'York, avait celui de rapprocher toutes nos forces de la Meuse, fut
contrarie par une fort sotte idee du comite de salut public. On avait
persuade a Carnot de porter l'amiral Venstabel avec des troupes de
debarquement dans l'ile de Walcheren, pour soulever la Hollande. Afin de
favoriser ce projet, Carnot prescrivit a l'armee de Pichegru de longer les
cotes de l'Ocean, et de s'emparer de tous les ports de la West-Flandre; il
ordonna de plus a Jourdan de detacher seize mille hommes de son armee pour
les porter vers la mer. Ce dernier ordre surtout etait des plus mal concus
et des plus dangereux. Les generaux en demontrerent l'absurdite a
Saint-Just, et il ne fut pas execute; mais Pichegru n'en fut pas moins
oblige de se porter vers la mer, pour s'emparer de Bruges et d'Ostende,
tandis que Moreau occupait Nieuport.
Les mouvemens se continuerent sur les deux ailes. Pichegru laissa Moreau,
avec une partie de l'armee, faire les sieges de Nieuport et de l'Ecluse, et
s'empara avec l'autre de Bruges, Ostende et Gand. Il s'avanca ensuite vers
Bruxelles. Jourdan y marchait de son cote. Nous n'eumes plus a livrer que
des combats d'arriere-garde, et enfin, le 22 messidor (10 juillet), nos
avant-gardes entrerent dans la capitale des Pays-Bas. Peu de jours apres,
les deux armees du Nord et de Sambre-et-Meuse y firent leur jonction. Rien
n'etait plus important que cet evenement; cent cinquante mille Francais,
reunis dans la capitale des Pays-Bas, pouvaient fondre de ce point sur les
armees de l'Europe, qui, battues de toutes parts, cherchaient a regagner,
les unes la mer, les autres le Rhin. On investit aussitot les places de
Conde, Landrecies, Valenciennes et Le Quesnoy, que les coalises nous
avaient prises; et la convention, pretendant que la delivrance du
territoire donnait tous les droits, decreta que si les garnisons ne se
rendaient pas de suite, elles seraient passees au fil de l'epee. Elle avait
deja rendu un autre decret portant qu'on ne ferait plus de prisonniers
anglais, pour punir tous les forfaits de Pitt envers la France. Nos soldats
n'executerent pas ce decret. Un sergent ayant pris quelques Anglais, les
amena a un officier. "Pourquoi les as-tu pris? lui dit l'officier.--Parce
que ce sont autant de coups de fusils de moins a recevoir, repondit le
sergent.--Oui, repliqua l'officier; mais les representans vont nous obliger
de les fusiller.--Ce ne sera pas nous, ajouta le sergent, qui les
fusillerons; envoyez-les aux represen
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