ure cette
position. La fin du jour approchait. Beaulieu venait d'apprendre, sur la
Sambre, ce que le prince d'Orange y avait appris deja, c'est que Charleroi
appartenait aux Francais. Cobourg alors, n'osant pas insister davantage,
ordonna la retraite generale.
Telle fut cette bataille decisive, qui fut une des plus acharnees de la
campagne, et qui se livra sur un demi-cercle de dix lieues, entre deux
armees d'environ quatre-vingt mille hommes chacune. Elle s'appela bataille
de Fleurus, quoique ce village y jouat un role fort secondaire, parce que
le duc de Luxembourg avait deja illustre ce nom sous Louis XIV. Quoique ses
resultats sur le terrain fussent peu considerables, et qu'elle se bornat a
une attaque repoussee, elle decidait la retraite des Autrichiens, et
amenait par la des resultats immenses[9]. Les Autrichiens ne pouvaient pas
livrer une seconde bataille. Il leur aurait fallu se joindre ou au duc
d'York ou a Clerfayt, et ces deux generaux etaient occupes au Nord par
Pichegru. D'ailleurs, menaces sur la Meuse, il devenait important pour eux
de retrograder, pour ne pas compromettre leurs communications. Des ce
moment, la retraite des coalises devint generale, et ils resolurent de se
concentrer vers Bruxelles, pour couvrir cette ville.
[Note 9: C'est a tort qu'on attribue a l'interet d'une faction le grand
effet que la bataille de Fleurus produisit sur l'opinion publique. La
faction Robespierre avait au contraire le plus grand interet a diminuer
dans le moment l'effet des victoires, comme on va le voir bientot. La
bataille de Fleurus nous ouvrit Bruxelles et la Belgique, et c'est la ce
qui fit alors sa reputation.]
La campagne etait evidemment decidee; mais une faute du comite de salut
public empecha d'obtenir des resultats aussi prompts et aussi decisifs que
ceux qu'on avait lieu d'esperer. Pichegru avait forme un plan qui etait la
meilleure de toutes ses idees militaires. Le duc d'York etait sur l'Escaut
a la hauteur de Tournay; Clerfayt, tres loin de la, a Thielt, dans la
Flandre. Pichegru persistant dans son projet de detruire Clerfayt
isolement, voulait passer l'Escaut a Oudenarde, couper ainsi Clerfayt du
duc d'York, et le battre encore une fois separement. Il voulait ensuite,
lorsque le duc d'York reste seul songerait a se reunir a Cobourg, le battre
a son tour, puis enfin venir prendre Cobourg par derriere, ou se reunir a
Jourdan. Ce plan qui, outre l'avantage d'attaquer isolement Clerfayt et le
duc d
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