as, et qui avait un
grand courage, se donna beaucoup de mouvement aupres des comites pour
appeler leur attention sur la conduite de Lebon. Il eut meme la noble
audace de faire a la convention une denonciation expresse. Le comite de
salut public en prit connaissance, et ne put s'empecher de mander Lebon.
Cependant, comme le comite ne voulait pas desavouer ses agens, ni avoir
l'air de convenir qu'on put etre trop severe envers les aristocrates, il
renvoya Lebon a Arras, et employa en lui ecrivant les expressions
suivantes. "Continue de faire le bien, et fais-le avec la sagesse et avec
la dignite qui ne laissent point prise aux calomnies de l'aristocratie."
Les reclamations elevees contre Lebon par Guffroy, dans la convention,
exigeaient un rapport du comite. Barrere en fut charge. "Toutes les
reclamations contre les representans, dit-il, doivent etre jugees par le
comite, pour eviter des debats qui troubleraient le gouvernement et la
convention. C'est ce que nous avons fait ici, a l'egard de Lebon; nous
avons recherche les motifs de sa conduite. Ces motifs sont-ils purs? le
resultat est-il utile a la revolution? profite-t-il a la liberte? les
plaintes sont-elles recriminatoires, ou ne sont-elles que les cris
vindicatifs de l'aristocratie? c'est ce que le comite a vu dans cette
affaire. Des formes un peu acerbes ont ete employees; mais ces formes ont
detruit les pieges de l'aristocratie. Le comite a pu sans doute les
improuver; mais Lebon a completement battu les aristocrates et sauve
Cambray; d'ailleurs que n'est-il pas permis a la haine d'un republicain
contre l'aristocratie! de combien de sentimens genereux un patriote ne
trouve-t-il pas a couvrir ce qu'il peut y avoir d'acrimonieux dans la
poursuite des ennemis du peuple! Il ne faut parler de la revolution qu'avec
respect, des mesures revolutionnaires qu'avec egard. _La liberte est une
vierge dont il est coupable de soulever le voile_."
De tout cela il resulta que Lebon fut autorise a continuer, et que Guffroy
fut range parmi les censeurs importuns du gouvernement revolutionnaire, et
expose a partager leurs perils. Il etait evident que le comite tout entier
voulait le regime de la terreur. Robespierre, Couthon, Billaud,
Collot-d'Herbois, Vadier, Vouland, Amar, pouvaient etre divises entre eux
sur leurs prerogatives, sur le nombre et le choix de leurs collegues a
sacrifier; mais ils etaient d'accord sur le systeme d'exterminer tous ceux
qui faisaient obstacle a la revol
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