convention. Barrere, pour se venger de Robespierre a sa maniere, avait
redige secretement le rapport que Vouland devait prononcer. La secte y
etait representee comme aussi ridicule qu'atroce. La convention, tantot
revoltee, tantot egayee par le tableau trace par Barrere, decreta
d'accusation les principaux chefs de la secte, et les envoya au tribunal
revolutionnaire.
Robespierre, indigne et de la resistance qu'il rencontrait, et des propos
injurieux qu'il avait essuyes, renonca de paraitre au comite, et resolut de
ne plus prendre part a ses deliberations. Il se retira dans les derniers
jours de prairial (milieu de juin). Cette retraite prouve de quelle nature
etait son ambition. Un ambitieux n'a jamais d'humeur; il s'irrite par les
obstacles, s'empare du pouvoir, et en ecrase ceux qui l'ont outrage. Un
rheteur faible et vaniteux se depite, et cede quand il ne trouve plus ni
flatteries ni respects. Danton s'etait retire par paresse et degout,
Robespierre par vanite blessee. Cette retraite lui fut aussi funeste qu'a
Danton. Couthon restait seul contre Billaud-Varennes, Collot-d'Herbois,
Barrere, et ces derniers allaient s'emparer de toutes les affaires.
Ces divisions n'etaient pas encore ebruitees; on savait seulement que les
comites de salut public et de surete generale n'etaient pas d'accord; on
etait enchante de cette mesintelligence, on esperait qu'elle empecherait de
nouvelles proscriptions. Ceux qui etaient menaces se rapprochaient du
comite de surete generale, le flattaient, l'imploraient, et avaient meme
recu de quelques membres les promesses les plus rassurantes. Elie, Lacoste,
Moyse Bayle, Lavicomterie, Dubarran, les meilleurs des membres du comite de
surete generale, avaient promis de refuser leur signature a toute nouvelle
liste de proscription.
Au milieu de ces luttes, les jacobins etaient toujours devoues a
Robespierre; ils n'etablissaient pas encore de distinction entre les divers
membres du comite, entre Couthon, Robespierre, Saint-Just d'un cote, et
Billaud-Varennes, Collot, Barrere de l'autre. Ils ne voyaient que le
gouvernement revolutionnaire d'une part, et de l'autre quelques restes de
la faction des indulgens, quelques amis de Danton, qui, a propos de la loi
du 22 prairial, venaient de s'elever contre ce gouvernement salutaire.
Robespierre, qui avait defendu ce gouvernement en defendant la loi, etait
toujours pour eux le premier et le plus grand citoyen de la republique:
tous les autres n'etaient
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