paru oppose a leurs cruautes; enfin ils auraient voulu porter leurs
coups jusque sur plusieurs membres de la Montagne les plus prononces, tels
que Duval, Audouin, Leonard Bourdon[6]. Les membres du comite de salut
public, Billaud, Collot, Barrere, et tous ceux du comite de surete
generale, refusaient d'y consentir. Le danger, en s'etendant sur un aussi
grand nombre de tetes, pouvait finir bientot par les menacer eux-memes.
[Note 6: Voyez la liste fournie par Villate dans ses Memoires.]
Ils etaient dans ces dispositions hostiles, et peu portes a s'entendre sur
un nouveau sacrifice, lorsqu'une derniere circonstance amena une rupture
definitive. Le comite de surete generale avait fait la decouverte des
assemblees qui se tenaient chez Catherine Theot. Il avait appris que cette
secte extravagante faisait de Robespierre un prophete, et que celui-ci
avait donne un certificat de civisme a dom Gerle. Aussitot Vadier, Vouland,
Jagot, Amar, resolurent de se venger, en presentant cette secte comme une
reunion de conspirateurs dangereux, en la denoncant a la convention, et en
faisant partager ainsi a Robespierre le ridicule et l'odieux qui
s'attacheraient a elle. On envoya un agent, Senart, qui, sous pretexte de
se faire initier, s'introduisit dans l'une des reunions. Au milieu de la
ceremonie, il s'approcha d'une fenetre, donna le signal a la force armee,
et fit saisir la secte presque entiere. Dom Gerle, Catherine Theot furent
arretes. On trouva le certificat de civisme donne par Robespierre a dom
Gerle; on decouvrit meme dans le lit de la mere de Dieu une lettre qu'elle
ecrivait a son fils cheri, au premier prophete, a Robespierre enfin. Quand
Robespierre apprit qu'on allait poursuivre la secte, il voulut s'y opposer,
et provoqua une discussion sur ce sujet dans le comite de salut public. On
a deja vu que Billaud et Collot n'etaient pas deja tres portes pour le
deisme, et qu'ils voyaient avec ombrage l'usage politique que Robespierre
voulait faire de cette croyance. Ils opinaient pour les poursuites.
Robespierre insistant pour les empecher, la discussion devint extremement
vive; il essuya les expressions les plus injurieuses, ne reussit pas, et se
retira en pleurant de rage. La querelle avait ete si forte, que pour eviter
d'etre entendus de ceux qui traversaient les galeries, les membres du
comite resolurent de transporter le lieu de leurs seances a l'etage
superieur. Le rapport contre la secte de Catherine Theot fut fait a la
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