de votre agonie, vous debattez avec tant de fureur,
aiguisez, aiguisez vos poignards; nous vous meprisons trop pour vous
craindre, et vous savez bien que nous sommes trop grands pour vous imiter."
La salle retentit d'applaudissemens. Couthon ajoute: "Mais la loi dont le
regne vous epouvante a son glaive leve sur vous: elle vous frappera tous.
Le genre humain a besoin de cet exemple, et le ciel, que vous outragez, l'a
ordonne!"
Collot-d'Herbois arrive alors comme pour recevoir les marques d'interet de
l'assemblee; il est accueilli par des acclamations redoublees, et il a
peine a se faire entendre. Robespierre, beaucoup plus adroit, ne parait
pas, et semble se soustraire aux hommages qui l'attendent.
Dans cette meme journee du 4, une jeune fille, nommee Cecile Renault, se
presente a la porte de Robespierre, avec un paquet sous le bras; elle
demande a le voir; et insiste avec force pour etre introduite aupres de
lui. Elle dit qu'un fonctionnaire public doit toujours etre pret a recevoir
ceux qui ont a l'entretenir, et finit meme par injurier les hotes de
Robespierre, les Duplaix, qui ne voulaient pas la recevoir. Aux instances
de cette jeune fille, et a son air etrange, on concoit des soupcons; on se
saisit d'elle, et on la livre a la police. On ouvre son paquet, et on y
trouve des hardes et deux couteaux. Aussitot on pretend qu'elle a voulu
assassiner Robespierre, on l'interroge; elle s'explique avec autant
d'assurance que Ladmiral. On lui demande ce qu'elle voulait de Robespierre,
elle dit que c'etait pour voir comment etait fait un tyran. On la presse,
on veut savoir pourquoi ce paquet, pourquoi ces hardes, ces couteaux; elle
repond qu'elle n'a voulu faire aucun usage des couteaux; que quant aux
hardes, elle s'en etait munie parce qu'elle s'attendait a etre conduite en
prison, et de la prison a la guillotine. Elle ajoute qu'elle est royaliste,
parce qu'elle aime mieux un roi que cinquante mille. On insiste davantage,
on lui fait de nouvelles questions, mais elle refuse de repondre, et
demande a etre conduite a l'echafaud.
Il suffisait de ces indices pour en conclure que la jeune Renault etait un
des assassins armes contre Robespierre. A ce dernier fait vint s'en ajouter
un autre. Le lendemain, a Choisy-sur-Seine, un citoyen racontait dans un
cafe la tentative d'assassinat commise sur Collot-d'Herbois, et se
rejouissait de ce qu'elle n'avait pas reussi. Un nomme Saintanax, moine,
qui ecoutait ce recit, repond qu'il
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