est malheureux que ces scelerats du
comite aient echappe, mais qu'il espere que tot ou tard ils seront
atteints. On s'empare sur-le-champ du malheureux, et on le traduit dans la
nuit meme a Paris. C'etait plus qu'il n'en fallait pour supposer de vastes
ramifications; on pretendit qu'il y avait une bande d'assassins preparee,
on s'empressa d'accourir autour des membres du comite, on les engagea a se
garder, et a veiller sur leurs jours si precieux a la patrie. Les sections
s'assemblerent, et envoyerent de nouveau des deputations et des adresses a
la convention. Elles disaient que parmi les miracles que la Providence
avait faits en faveur de la republique, la maniere dont Robespierre et
Collot-d'Herbois venaient d'echapper aux coups des assassins n'etait pas le
moindre. L'une d'elles proposa meme de fournir une garde de vingt-cinq
hommes pour veiller sur les jours des membres du comite.
Le surlendemain etait le jour ou s'assemblaient les jacobins. Robespierre
et Collot-d'Herbois s'y rendirent, et furent recus avec un enthousiasme
extreme. Quand le pouvoir a su s'assurer une soumission generale, il n'a
qu'a laisser faire les ames basses, elles viennent achever elles-memes
l'oeuvre de sa domination, et y ajouter un culte et des honneurs divins. On
regardait Robespierre et Collot-d'Herbois avec une avide
curiosite.--"Voyez, disait-on, ces hommes precieux, le Dieu des hommes
libres les a sauves; il les a couverts de son egide, et les a conserves a
la republique! Il faut leur faire partager les honneurs que la France a
decernes aux martyrs de la liberte; elle aura ainsi la satisfaction de les
honorer, sans avoir a pleurer sur leur urne funebre[5]." Collot prend le
premier la parole avec sa vehemence ordinaire, et dit que l'emotion qu'il
eprouve dans le moment lui prouve combien il est doux de servir la patrie,
meme au prix des plus grands perils. "Il recueille, dit-il, cette verite
que celui qui a couru quelque danger pour son pays recoit de nouvelles
forces du fraternel interet qu'il inspire. Ces applaudissemens bienveillans
sont un nouveau pacte d'union entre toutes les ames fortes. Les tyrans
reduits aux abois, et sentant leur fin approcher, veulent en vain recourir
aux poignards, au poison, au guet-apens, les republicains ne s'intimideront
pas. Les tyrans ne savent-ils pas que lorsqu'un patriote expire sous leurs
coups, c'est sur sa tombe que les patriotes qui lui survivent jurent la
vengeance du crime et l'eternite de la l
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