belle femme qui l'avait
accompagne a Paris, et qui venait d'etre jetee en prison. Apres Tallien on
citait Bourdon (de l'Oise), compromis par sa lutte avec le parti de Saumur,
et expulse des Jacobins, conjointement avec Fabre, Camille et Philippeau;
on citait encore Thuriot, exclu aussi des Jacobins; Legendre, qui, malgre
ses soumissions journalieres, ne pouvait se faire pardonner ses anciennes
liaisons avec Danton; enfin Freron, Barras, Lecointre, Revere, Monestier,
Panis, etc., tous, ou amis de Danton, ou desapprobateurs du systeme suivi
par le gouvernement. Ces inquietudes personnelles se propageaient, le
nombre des mecontens augmentait chaque jour, et ils etaient prets a s'unir
aux membres de l'un ou de l'autre comite qui voudraient leur tendre la
main.
Le 20 prairial (8 juin) approchait; c'etait le jour fixe pour la fete a
l'Etre supreme. Le 16, il fallait nommer un president; la convention nomma
a l'unanimite Robespierre pour occuper le fauteuil. C'etait lui assurer le
premier role dans la journee du 20. Ses collegues, comme on le voit,
cherchaient encore a le flatter et a l'apaiser a force d'honneurs. De
vastes preparatifs avaient ete faits conformement au plan concu par David.
La fete devait etre magnifique. Le 20, au matin, le soleil brillait de tout
son eclat. La foule, toujours prete a assister aux representations que lui
donne le pouvoir, etait accourue. Robespierre se fit attendre long-temps.
Il parut enfin au milieu de la convention. Il etait soigneusement pare; il
avait la tete couverte de plumes, et tenait a la main, comme tous les
representans, un bouquet de fleurs, de fruits et d'epis de ble. Sur son
visage, ordinairement si sombre, eclatait une joie qui ne lui etait pas
ordinaire. Un amphitheatre etait place au milieu du jardin des Tuileries.
La convention l'occupait; a droite et a gauche, se trouvaient plusieurs
groupes d'enfans, d'hommes, de vieillards et de femmes. Les enfans etaient
couronnes de violette, les adolescens de myrte, les hommes de chene, les
vieillards de pampre et d'olivier. Les femmes tenaient leurs filles par la
main, et portaient des corbeilles de fleurs. Vis-a-vis de l'amphitheatre,
se trouvaient des figures representant l'Atheisme, la Discorde, l'Egoisme.
Elles etaient destinees a etre brulees. Des que la convention eut pris sa
place, une musique ouvrit la ceremonie. Le president fit ensuite un premier
discours sur l'objet de la fete. "Francais republicains, dit-il, il est
enfin
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