arrive le jour a jamais fortune que le peuple francais consacre a
l'Etre supreme! Jamais le monde qu'il a cree ne lui offrit un spectacle
aussi digne de ses regards. Il a vu regner sur la terre la tyrannie, le
crime et l'imposture: il voit dans ce moment une nation entiere, aux prises
avec tous les oppresseurs du genre humain, suspendre le cours de ses
travaux heroiques pour elever sa pensee et ses voeux vers le grand Etre qui
lui donna la mission de les entreprendre, et le courage de les executer!"
Apres avoir parle quelques minutes, le president descend de l'amphitheatre,
et, se saisissant d'une torche, met le feu aux monstres de l'Atheisme, de
la Discorde et de l'Egoisme. Du milieu de leurs cendres parait la statue de
la Sagesse, mais on remarque qu'elle est enfumee par les flammes au milieu
desquelles elle vient de paraitre. Robespierre retourne a sa place, et
prononce un second discours sur l'extirpation des vices ligues contre la
republique. Apres cette premiere ceremonie, on se met en marche pour se
rendre au Champ-de-Mars. L'orgueil de Robespierre semble redoubler, et il
affecte de marcher tres en avant de ses collegues. Mais quelques-uns,
indignes, se rapprochent de sa personne, et lui prodiguent les sarcasmes
les plus amers. Les uns se moquent du nouveau pontife, et lui disent, en
faisant allusion a la statue de la Sagesse, qui avait paru enfumee, que sa
sagesse est obscurcie. D'autres font entendre le mot de tyran, et s'ecrient
qu'il _est encore des Brutus_. Bourdon de l'Oise lui dit ces mots: _La
roche Tarpeienne est pres du Capitole_.
Le cortege arrive enfin au Champ-de-Mars. La se trouvait, au lieu de
l'ancien autel de la patrie, une vaste montagne. Au sommet de cette
montagne etait un arbre: la convention s'assied sous ses rameaux. De chaque
cote de la montagne se placent les differens groupes des enfans, des
vieillards et des femmes. Une symphonie commence; les groupes chantent
ensuite des strophes en se repondant alternativement; enfin, a un signal
donne, les adolescens tirent leurs epees et jurent, dans les mains des
vieillards, de defendre la patrie: les meres elevent leurs enfans dans
leurs bras; tous les assistans levent leurs mains vers le ciel, et les
sermens de vaincre se melent aux hommages rendus a l'Etre supreme. On
retourne ensuite au jardin des Tuileries, et la fete se termine par des
jeux publics.
Telle fut la fameuse fete celebree en l'honneur de l'Etre supreme.
Robespierre, en ce jou
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