bres de la convention, deja inquiets pour eux-memes. Il n'etait
pas dit dans le projet si les comites auraient la faculte de traduire les
representans[1] au tribunal sans demander un decret prealable d'accusation,
des lors les comites pouvaient envoyer leurs collegues a la mort, sans
autre formalite que celle de les designer a Fouquier-Tinville. Aussi les
restes de la pretendue faction des _indulgens_ se souleverent, et, pour la
premiere fois depuis long-temps, on vit une opposition se manifester dans
le sein de l'assemblee. Ruamps demanda l'impression et l'ajournement du
projet, disant que si cette loi etait adoptee sans ajournement, il ne
restait qu'a se bruler la cervelle. Lecointre de Versailles appuya
l'ajournement. Robespierre se presenta aussitot pour combattre cette
resistance inattendue. "Il y a, dit-il, deux opinions aussi anciennes que
notre revolution; l'une, qui tend a punir d'une maniere prompte et
inevitable les conspirateurs; l'autre, qui tend a absoudre les coupables:
cette derniere n'a cesse de se reproduire dans toutes les occasions. Elle
se manifeste de nouveau aujourd'hui, et je viens la repousser. Depuis deux
mois, le tribunal se plaint des entraves qui embarrassent sa marche; il se
plaint de manquer de jures; il faut donc une loi. Au milieu des victoires
de la republique, les conspirateurs sont plus actifs et plus ardens[1] que
jamais; il faut les frapper. Cette opposition inattendue qui se manifeste
n'est pas naturelle. On veut diviser la convention, on veut
l'epouvanter.--Non, non, s'ecrient plusieurs voix, on ne nous divisera
pas!--C'est nous, ajoute Robespierre, qui avons toujours defendu la
convention, ce n'est pas nous qu'elle a a craindre. Du reste, nous en
sommes arrives au point ou l'on pourra nous tuer, mais ou l'on ne nous
empechera pas de sauver la patrie."
Robespierre ne manquait plus une seule fois de parler de poignards et
d'assassins, comme s'il avait toujours ete menace. Bourdon de l'Oise lui
repond, et dit que si le tribunal a besoin de jures, on n'a qu'a adopter
sur-le-champ la liste proposee, car personne ne veut arreter la marche de
la justice, mais qu'il faut ajourner le reste du projet. Robespierre
remonte a la tribune, et repond que la loi n'est ni plus compliquee ni plus
obscure qu'une foule d'autres qui ont ete adoptees sans discussion, et que,
dans un moment ou les defenseurs de la liberte sont menaces du poignard, on
ne devrait pas chercher a ralentir la repression des c
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