uvaient donc se reunir et devenir
dangereux pour Robespierre, Couthon et Saint-Just.
Il faut bien le remarquer: c'etaient les rivalites d'orgueil et de pouvoir
qui commencaient la division, et non une difference d'opinion politique,
car Billaud-Varennes, Collot-d'Herbois, Vadier, Vouland, Amar, Jagot et
Louis, etaient des revolutionnaires non moins redoutables que les trois
adversaires qu'ils voulaient renverser.
Une circonstance indisposa encore davantage le comite de surete generale
contre les dominateurs du comite de salut public. On se plaignait beaucoup
des arrestations, qui devenaient toujours plus nombreuses, et qui etaient
souvent injustes, car elles portaient contre une foule d'individus connus
pour excellens patriotes; on se plaignait des rapines et des vexations des
agens nombreux auxquels le comite de surete generale avait delegue son
inquisition. Robespierre, Saint-Just et Couthon, n'osant ni faire abolir,
ni faire renouveler ce comite, imaginerent d'etablir un bureau de police
dans le sein du comite de salut public. C'etait, sans detruire le comite de
surete generale, envahir ses fonctions et l'en depouiller. Saint-Just
devait avoir la direction de ce bureau; mais, appele a l'armee, il n'avait
pu remplir ce soin, et Robespierre s'en etait charge a sa place. Le bureau
de police elargissait ceux que faisait arreter le comite de surete
generale, et ce dernier comite rendait la pareille a l'autre. Cet
envahissement de fonctions amena une brouille ouverte. Le bruit s'en
repandit, et malgre le secret qui enveloppait le gouvernement, on sut
bientot que ses membres n'etaient pas d'accord.
D'autres mecontentemens[1], non moins graves, eclataient dans la
convention. Elle etait toujours fort soumise, mais quelques-uns de ses
membres, qui avaient concu des craintes pour eux-memes, recevaient du
danger un peu plus de hardiesse. C'etaient d'anciens amis de Danton,
compromis par leurs liaisons avec lui, et menaces quelquefois comme restes
du parti des _corrompus et des indulgens_. Les uns avaient malverse dans
leurs fonctions, et craignaient l'application du _systeme de la vertu_; les
autres avaient paru opposes a un deploiement de rigueurs tous les jours
croissant. Le plus compromis d'entre eux etait Tallien. On disait qu'il
avait malverse a la commune lorsqu'il en etait membre, et a Bordeaux
lorsqu'il y etait en mission. On ajoutait que dans cette derniere ville il
s'etait laisse amollir et seduire par une jeune et
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