iberte?"
[Note 5: Voyez la seance des jacobins du 6 prairial.]
Collot acheve au milieu des applaudissemens. Bentabolle demande que le
president donne a Collot et a Robespierre l'accolade fraternelle, au nom de
toute la societe. Legendre, avec l'empressement d'un homme qui avait ete
ami de Danton, et qui etait oblige a plus de bassesse pour faire oublier
cette amitie, dit que la main du crime s'est levee pour frapper la vertu,
mais que le Dieu de la nature a empeche que le forfait fut consomme; Il
engage tous les citoyens a former une garde autour des membres du comite,
et s'offre a veiller le premier sur leurs jours precieux. Dans ce moment,
des sections demandent a etre introduites dans la salle; l'empressement est
extreme, mais la foule est si grande qu'on est oblige de les laisser a la
porte.
On offrait au comite les insignes du pouvoir souverain, et c'etait le
moment de les repousser. Il suffit a des chefs adroits de se les faire
offrir, et ils doivent se donner le merite du refus. Les membres presens du
comite combattent avec une indignation affectee la proposition de se donner
des gardes. Couthon prend aussitot la parole. Il s'etonne, dit-il, de la
proposition qui vient d'etre faite aux Jacobins, et qui l'a deja ete a la
convention. Il veut bien l'attribuer a des intentions pures, mais il n'y a
que des despotes qui s'entourent de gardes, et les membres du comite ne
veulent point etre assimiles a des despotes. Ils n'ont pas besoin de gardes
pour les defendre. C'est la vertu, c'est la confiance du peuple et la
Providence qui veillent sur leurs jours; il ne leur faut pas d'autres
garanties pour leur surete. D'ailleurs ils sauront mourir a leur poste et
pour la liberte.
Legendre se hate de justifier sa proposition. Il dit qu'il n'a pas voulu
precisement donner une garde organisee aux membres du comite, mais engager
les bons citoyens a veiller sur leurs jours; que si du reste il s'est
trompe, il se retracte et que son intention a ete pure. Robespierre lui
succede a la tribune. C'est pour la premiere fois qu'il prend la parole.
Des applaudissemens eclatent, et se prolongent long-temps; enfin on fait
silence, et on lui permet de se faire entendre. "Je suis, dit-il, un de
ceux que les evenemens qui se sont passes doivent le moins interesser,
cependant je ne puis me defendre de quelques reflexions. Que les defenseurs
de la liberte soient en butte aux poignards de la tyrannie, il fallait s'y
attendre. Je l'avais deja
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