tre lesquels elle etait dirigee.
Barrere s'empresse le lendemain, 4 prairial, de venir a la convention faire
le recit de cette nouvelle machination de Pitt. "Les factions interieures,
dit-il, ne cessent de correspondre avec ce gouvernement marchand de
coalitions, acheteur d'assassinats, qui poursuit la liberte comme sa plus
grande ennemie. Tandis que nous mettons a l'ordre du jour la justice et la
vertu, les tyrans coalises mettent a l'ordre du jour le crime et
l'assassinat. Partout vous trouverez le fatal genie de l'Anglais: dans nos
marches, dans nos achats, sur les mers, dans le continent, chez les
roitelets de l'Europe comme dans nos cites. C'est la meme tete qui dirige
les mains qui assassinent Basseville a Rome, les marins francais dans le
port de Genes, les Francais fideles en Corse; c'est la meme tete qui dirige
le fer contre Lepelletier et Marat, la guillotine sur Chalier, et les armes
a feu sur Collot-d'Herbois." Barrere produit ensuite des lettres de Londres
et de Hollande qui ont ete interceptees, et qui annoncent que les complots
de Pitt sont diriges contre les comites et particulierement contre
Robespierre. Une de ces lettres dit en substance: "Nous craignons beaucoup
l'influence de Robespierre. Plus le gouvernement francais republicain sera
concentre, plus il aura de force, et plus il sera difficile de le
renverser."
Une pareille maniere de presenter les faits etait bien propre a exciter le
plus vif interet en faveur des comites, et surtout de Robespierre, et a
identifier leur existence avec celle de la republique. Barrere raconte
ensuite le fait avec toutes ses circonstances, parle de _l'empressement
attendrissant_ que les autorites constituees ont montre pour proteger la
representation nationale, et raconte en termes magnifiques la conduite du
citoyen Geffroy, qui a recu une blessure grave en saisissant l'assassin. La
convention couvre d'applaudissemens le rapport de Barrere; elle ordonne des
recherches pour s'assurer si Ladmiral n'aurait pas des complices; elle
decrete des remerciemens pour le citoyen Geffroy, et decide, pour le
recompenser, que le bulletin de ses blessures sera lu tous les jours a la
tribune. Couthon fait ensuite un discours fulminant, pour demander que le
rapport de Barrere soit traduit en toutes les langues, et repandu dans tous
les pays. "Pitt, Cobourg, s'ecrie-t-il, et vous tous, laches et petits
tyrans, qui regardez le monde comme votre heritage, et qui, dans les
derniers instans
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