at, et fit donner l'ordre de s'y preparer. Vers le soir,
un vaisseau de l'arriere-garde, _le Revolutionnaire_, qui avait diminue de
voiles, se trouva engage contre les Anglais, fit une resistance opiniatre,
perdit son capitaine, et fut oblige de se faire remorquer a Rochefort. La
nuit empecha l'action de devenir generale.
Le lendemain 10 (29 mai), les deux escadres se trouverent en presence.
L'amiral anglais manoeuvra contre notre arriere-garde. Le mouvement que
nous fimes pour la proteger amena l'engagement general. Les Francais ne
manoeuvrant pas aussi bien, deux de leurs vaisseaux, _l'Indomptable_ et _le
Tyrannicide_, se trouverent en presence de forces superieures, et se
battirent avec un courage opiniatre. Villaret-Joyeuse donna l'ordre de
secourir les vaisseaux engages; mais ses ordres n'etant ni bien compris, ni
bien executes, il se porta seul en avant, au risque de n'etre pas suivi.
Cependant il le fut bientot apres: toute notre escadre s'avanca sur
l'escadre ennemie, et l'obligea de reculer. Malheureusement nous avions
perdu l'avantage du vent; nous fimes un feu terrible sur les Anglais, mais
nous ne pumes pas les poursuivre. Il nous resta cependant les deux
vaisseaux et le champ de bataille.
Le 11 et le 12 (30 et 31 mai), une brume epaisse enveloppa les deux armees
navales. Les Francais tacherent d'entrainer les Anglais au nord et a
l'ouest de la route que devait suivre le convoi. Le 13, la brume se
dissipa; un soleil eclatant eclaira les deux flottes. Les Francais
n'avaient plus que vingt-six vaisseaux, tandis que leurs ennemis en avaient
trente-six; ils demandaient de nouveau le combat, et il convenait de ceder
a leur ardeur pour occuper les Anglais, et les eloigner de la route du
convoi, qui devait passer sur le champ de bataille du 10.
Ce combat, l'un des plus memorables dont l'Ocean ait ete le temoin,
commenca a neuf heures du matin. L'amiral Howe s'avanca pour couper notre
ligne. Une fausse manoeuvre du vaisseau _la Montagne_ lui permit d'y
penetrer, d'isoler notre aile gauche, et de l'accabler de toutes ses
forces.
Notre droite et notre avant-garde resterent isolees. L'amiral voulait les
rallier a lui pour se reporter sur l'escadre anglaise, mais il avait perdu
l'avantage du vent, et resta cinq heures sans pouvoir se rapprocher du
champ de bataille. Pendant ce temps, les vaisseaux engages se battaient
avec un heroisme extraordinaire. Les Anglais, superieurs dans la manoeuvre,
perdaient leur avant
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