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le fort important de Saint-Nicolas. Le commissaire Santhonax, aide surtout
des mulatres et d'une partie des blancs, resista a l'invasion des Anglais,
et ne trouva enfin qu'un moyen de la repousser: ce fut de reconnaitre la
liberte des negres qui se declareraient pour la republique. La convention
avait confirme cette mesure et proclame par un decret tous les negres
libres. Des cet instant, une portion d'entre eux, qui servaient la cause
royale, passerent du cote des republicains; et les Anglais, retranches dans
le fort de Saint-Nicolas, n'eurent plus aucun espoir d'envahir cette riche
possession, qui, long-temps ravagee, devait enfin n'appartenir qu'a
elle-meme. La Guadeloupe, apres avoir ete prise et reprise, nous etait
enfin restee, mais la Martinique etait definitivement perdue.
Tels etaient les desordres des colonies. Sur l'Ocean se passait un
evenement important; c'etait l'arrivee de ce convoi d'Amerique si
impatiemment attendu dans nos ports. L'escadre de Brest, au nombre de
trente vaisseaux, etait sortie, comme on l'a vu, avec l'ordre de croiser,
et de ne combattre que dans le cas ou le salut du convoi l'exigerait
imperieusement. Nous avons deja dit que Jean-Bon-Saint-Andre etait a bord
du vaisseau amiral; que Villaret-Joyeuse avait ete fait, de simple
capitaine, chef d'escadre; que des paysans n'ayant jamais vu la mer avaient
ete places dans les equipages; et que ces matelots, ces officiers, ces
amiraux d'un jour, etaient charges de lutter contre la vieille marine
anglaise. L'amiral Villaret-Joyeuse appareilla le 1er prairial (20 mai), et
fit voile vers les iles Coves et Flores pour attendre le convoi. Il prit en
route beaucoup de vaisseaux de commerce anglais, et les capitaines lui
disaient: _Vous nous prenez en detail, mais l'amiral Howe va vous prendre
en gros_. En effet, cet amiral croisait sur les cotes de la Bretagne et de
la Normandie, avec trente-trois vaisseaux et douze fregates. Le 9 prairial
(28 mai), l'escadre francaise apercut une flotte. Les equipages impatiens
regardaient grossir a l'horizon ces points noirs; et, lorsqu'ils
reconnurent les Anglais, ils pousserent des cris d'enthousiasme, et
demanderent le combat avec cette chaleur de patriotisme qui a toujours
distingue nos habitans des cotes. Quoique les instructions donnees au
general ne lui permissent de se battre que pour sauver le convoi, cependant
Jean-Bon-Saint-Andre, entraine lui-meme par l'enthousiame universel,
consentit au comb
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