ption des assignats ne pouvait etre
que lente, tandis que l'emission etait necessairement immense et rapide.
Douze cent mille hommes a solder et a armer, un materiel a creer, une
marine a construire, avec un papier deprecie, exigeaient des quantites
enormes de ce papier. Cette ressource etant devenue la seule, et le capital
des assignats, d'ailleurs, s'augmentant chaque jour par les confiscations,
on se resigna a en user autant que le besoin le reclamerait. On abolit la
distinction entre la caisse de l'ordinaire et de l'extraordinaire, l'une
reservee au produit des impots, l'autre a la creation des assignats. On
confondit les deux natures de ressources, et chaque fois que le besoin
l'exigeait, on suppleait au revenu par des emissions nouvelles. Au
commencement de 1794 (an II), la somme totale des emissions s'etait accrue
du double. Pres de quatre milliards avaient ete ajoutes a la somme qui
existait deja, et l'avaient portee a environ huit milliards. En retranchant
les sommes rentrees et brulees, et celles qui n'avaient pas encore ete
depensees, il restait en circulation reelle cinq milliards cinq cent trente
six millions. On decreta, en messidor an II (juin 1794), la creation d'un
nouveau milliard d'assignats de toute valeur depuis 1,000 francs jusqu'a 15
sous. Le comite des finances eut encore recours a l'emprunt force sur les
riches. On se servit des roles de l'annee precedente, et on imposa a ceux
qui etaient portes sur ces roles une contribution extraordinaire de guerre,
du dixieme de l'emprunt force, c'est-a-dire de cent millions. Cette somme
ne leur fut pas imposee a titre d'emprunt remboursable, mais a titre
d'impot qui devait etre paye par eux sans retour.
Pour completer l'etablissement du Grand-Livre, et le projet d'uniformiser
la dette publique, il restait a _capitaliser_ les rentes viageres, et a les
convertir en une _inscription_. Ces rentes de toute espece et de toute
forme etaient l'objet de l'agiotage le plus complique; comme les anciens
contrats sur l'etat, elles avaient l'inconvenient de reposer sur un titre
royal, et d'obtenir une preference marquee sur les valeurs republicaines;
car on se disait toujours que si la republique consentait a payer les
dettes de la monarchie, la monarchie ne consentirait pas a payer celles de
la republique. Cambon acheva donc son grand ouvrage de la regeneration de
la dette, en proposant et en faisant rendre la loi qui capitalisait les
rentes viageres; les titres devaient
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