etre remis par les notaires, et brules
ensuite, comme l'avaient ete les contrats. Le capital fourni autrefois par
le rentier etait converti en une inscription, et portait un interet
perpetuel de cinq pour cent, au lieu d'un revenu viager. Cependant, par
egard pour les vieillards et les rentiers peu fortunes, qui avaient voulu
doubler leurs ressources en les rendant viageres, on conserva les rentes
modiques, en les proportionnant a l'age des individus. De quarante a
cinquante ans, on laissa exister toute rente de quinze cents a deux mille
francs; de cinquante a soixante, toute rente de trois mille a quatre mille;
et ainsi de suite jusqu'a l'age de cent ans, et jusqu'a la somme de 10,500
francs. Si le rentier compris dans les cas ci-dessus avait une rente
superieure au taux designe, le surplus etait capitalise. Certes, on ne
pouvait garder plus de menagemens pour les fortunes mediocres et la
vieillesse; cependant aucune loi ne donna lieu a plus de reclamations et de
plaintes, et la convention essuya, pour une mesure sage et menagee avec
humanite, plus de blame que pour les mesures terribles qui signalaient
chaque jour sa dictature. Les agioteurs etaient fort contraries, parce que
la loi exigeait, pour reconnaitre les creances, les certificats de vie. Les
porteurs de titres d'emigres ne pouvaient pas se procurer aisement ces
certificats; aussi les agioteurs, qui etaient leses par cette condition,
firent de grandes declamations au nom des vieillards et des infirmes; ils
disaient qu'on ne respectait ni l'age ni l'indigence; ils persuadaient aux
rentiers qu'ils ne seraient pas payes, parce que l'operation et les
formalites qu'elle exigeait entraineraient des delais interminables;
cependant il n'en fut rien. Cambon fit modifier quelques clauses du decret,
et, veillant sans cesse a la tresorerie, y fit executer le travail avec la
plus grande promptitude. Les rentiers qui n'agiotaient pas sur les titres
d'autrui, et qui vivaient de leur propre revenu, furent payes promptement;
et, comme dit Barrere, au lieu d'attendre leur tour de paiement, dans des
cours decouvertes, et exposes a l'intemperie des saisons, ils l'attendaient
dans les salles chaudes et couvertes de la tresorerie.
A cote de ces reformes utiles, les cruautes continuaient d'avoir leur
cours. La loi qui expulsait les ex-nobles de Paris, des places fortes et
maritimes, donnait lieu a une foule de vexations. Distinguer les vrais
nobles, aujourd'hui que la noblesse etait
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