1] qui usurpaient le nom de
philosophes, lui attira la haine et la persecution de ses rivaux et de ses
faux amis. Ah! s'il avait ete temoin de cette revolution dont il fut le
precurseur, qui peut douter que son ame genereuse eut embrasse avec
transport la cause de la justice et de l'egalite!"
Robespierre s'attache ensuite a ecarter cette idee que le gouvernement, en
proclamant le dogme de l'Etre supreme, travaille pour les pretres. Il
s'exprime ainsi qu'il suit: "Qu'y a-t-il de commun entre les pretres et
Dieu? Les pretres sont a la morale ce que les charlatans sont a la
medecine. Combien le Dieu de la nature est different du Dieu des pretres!
Je ne reconnais rien de si ressemblant a l'atheisme que les religions
qu'ils ont faites. A force de defigurer l'Etre supreme, ils l'ont aneanti
autant qu'il etait en eux: ils en ont fait tantot un globe de feu, tantot
un boeuf, tantot un arbre, tantot un homme, tantot un roi. Les pretres ont
cree un Dieu a leur image; ils l'ont fait jaloux, capricieux, avide, cruel,
implacable; ils l'ont traite comme jadis les maires du palais traiterent
les descendans de Clovis pour regner en son nom et se mettre a sa place;
ils l'ont relegue dans le ciel comme dans un palais, et ne l'ont appele sur
la terre que pour demander, a leur profit, des dimes, des richesses, des
honneurs, des plaisirs et de la puissance. Le veritable temple de l'Etre
supreme c'est l'univers; son culte, la vertu; ses fetes, la joie d'un grand
peuple rassemble sous ses yeux pour resserrer les noeuds de la fraternite
universelle, et pour lui presenter l'hommage des coeurs sensibles et purs."
Robespierre dit ensuite qu'il faut des fetes a un peuple. "L'homme, dit-il,
est le plus grand objet qui soit dans la nature; et le plus magnifique de
tous les spectacles, c'est celui d'un grand peuple assemble." En
consequence il propose des plans de reunion pour tous les jours de decadis.
Son rapport s'acheve au milieu des plus vifs applaudissemens. Il presente
enfin le decret suivant, qui est adopte par acclamation:
"Art. 1er. Le peuple francais reconnait l'existence de l'Etre supreme et
l'immortalite de l'ame.
"Art. 2. Il reconnait que le culte le plus digne de l'Etre supreme est la
pratique des devoirs de l'homme."
D'autres articles portent qu'il sera institue des fetes pour rappeler
l'homme a la pensee de la Divinite et a la dignite de son etre. Elles
emprunteront leurs noms des evenemens de la revolution, ou des vertus les
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