puissant motif de regarder en arriere et de
songer a la Vistule autant qu'au Rhin. Les Gallicies ne l'occupaient pas
moins que la Belgique et l'Alsace.
La Suede et le Danemarck gardaient une sage neutralite, et repondaient aux
sophismes de l'Angleterre, que le droit public etait immuable, qu'il n'y
avait aucune raison d'y manquer envers la France, et d'etendre a tout un
pays les lois du blocus, lois applicables seulement a une place assiegee;
que les vaisseaux danois et suedois etaient bien recus en France, qu'ils
n'y trouvaient pas des barbares, comme on le disait, mais un gouvernement
qui faisait droit aux demandes des etrangers commercans, et qui avait pour
eux tous les egards dus aux nations avec lesquelles il etait en paix; qu'il
n'y avait donc aucune raison d'interrompre des relations avantageuses. En
consequence, bien que Catherine, toute disposee en faveur des projets des
Anglais, semblat se prononcer contre les droits des nations neutres, la
Suede et le Danemarck persisterent dans leurs resolutions, garderent une
neutralite prudente et ferme, et firent un traite par lequel les deux pays
s'engageaient a maintenir les droits des neutres, et a faire observer la
clause du traite de 1780, laquelle fermait la mer Baltique aux vaisseaux
armes des puissances qui n'avaient aucun port dans cette mer. La France
pouvait donc esperer de recevoir encore les grains du Nord, et les bois et
chanvres necessaires a sa marine.
La Russie, affectant toujours beaucoup d'indignation contre la revolution
francaise, et donnant de grandes esperances aux emigres, ne songeait qu'a
la Pologne, et n'abondait si fort dans la politique des Anglais que pour
obtenir leur adhesion a la sienne. C'est la ce qui explique le silence de
l'Angleterre sur un evenement aussi grand que la disparition d'un royaume
de la scene politique. Dans ce moment de spoliation generale, ou
l'Angleterre recueillait une si grande part d'avantages dans le midi de
l'Europe et sur toutes les mers, il lui convenait peu de parler le langage
de la justice aux copartageans de la Pologne. Ainsi la coalition, qui
accusait la France d'etre tombee dans la barbarie, commettait au Nord le
brigandage le plus audacieux que se soit jamais permis la politique, en
meditait un pareil sur la France, et contribuait a detruire pour jamais la
liberte des mers.
Les princes allemands suivaient l'impulsion de la maison d'Autriche. La
Suisse, protegee par ses montagnes, et dispensee par ses i
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