la seconde. Clerfayt, trompe sur la marche des Francais, les
cherchait ou ils n'etaient pas. Bientot, cependant, il apprit
l'investissement de Menin et la prise de Courtray, et voulut essayer de
nous faire retrograder en menacant nos communications avec Lille. Le 9
floreal (28 avril), en effet, il se porta a Moucroen avec dix-huit mille
hommes, et vint s'exposer imprudemment aux coups de cinquante mille
Francais, qui auraient pu l'ecraser en se repliant. Moreau et Souham,
ramenant aussitot une partie de leurs troupes vers leurs communications
menacees, marcherent sur Moucroen et resolurent de livrer bataille a
Clerfayt. Il etait retranche sur une position a laquelle on ne pouvait
parvenir que par cinq defiles etroits, defendus par une formidable
artillerie. Le 10 floreal (29 avril), l'attaque fut ordonnee. Nos jeunes
soldats, dont la plupart voyaient le feu pour la premiere fois, n'y
resisterent pas d'abord; mais les generaux et les officiers braverent tous
les dangers pour les rallier; ils y reussirent, et les positions furent
enlevees. Clerfayt perdit douze cents prisonniers, dont quatre-vingt-quatre
officiers, trente-trois pieces de canon, quatre drapeaux et cinq cents
fusils. C'etait notre premiere victoire au Nord, et elle releva
singulierement le courage de l'armee. Menin fut pris immediatement apres.
Une division d'emigres, qui s'y trouvait renfermee, se sauva bravement, en
se faisant jour le fer a la main.
Le succes de la gauche et les revers du centre deciderent Pichegru et
Carnot a abandonner tout a fait le centre pour agir exclusivement sur les
ailes. Pichegru envoya le general Bonnaud avec vingt mille hommes a
Sanghien, pres Lille, afin d'assurer les communications de Moreau et de
Souham. Il ne laissa a Guise que vingt mille hommes sous les ordres du
general Ferrand, et detacha le reste vers Maubeuge, pour le reunir aux
divisions Desjardins et Charbonnier. Ces forces reunies porterent a
cinquante-six mille hommes l'aile droite destinee a agir sur la Sambre.
Carnot, jugeant encore mieux que Pichegru la situation des choses, donna un
ordre qui decida le destin de la campagne. Commencant a sentir que le point
sur lequel il fallait frapper les coalises etait la Sambre et la Meuse;
que, battus sur cette ligne, ils etaient separes de leurs base, il ordonna
a Jourdan d'amener a lui quinze mille hommes de l'armee du Rhin, de laisser
sur le versant occidental des Vosges les troupes indispensables pour
couvrir cette
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