renforce, avait fait lever le siege au moment meme ou, par bonheur, Jourdan
arrivait avec toute l'armee de la Moselle. Des ce moment quatre-vingt-dix
mille hommes allaient agir sur la ligne veritable d'operations, et terminer
les hesitations de la victoire. Au Rhin, il ne s'etait rien passe
d'important. Seulement, le general Moellendorf, profitant de la diminution
de nos forces sur ce point, nous avait enleve le poste de Kayserslautern;
mais il etait rentre dans l'inaction aussitot apres cet avantage. Ainsi,
des le mois de prairial (fin de mai), et sur toute la ligne du Nord, nous
avions non-seulement resiste a la coalition, mais triomphe d'elle en
plusieurs rencontres; nous avions remporte une grande victoire, et nous
nous avancions sur deux ailes dans la Flandre et sur la Sambre. La perte de
Landrecies n'etait rien aupres de ces avantages et de ceux que la situation
presente nous assurait.
La guerre de la Vendee n'avait pas entierement fini apres la deroute de
Savenay. Trois chefs s'etaient sauves, La Rochejaquelein, Stofflet et
Marigny. Outre ces trois chefs, Charette, qui, au lieu de passer la Loire,
avait pris l'ile de Noirmoutiers, restait dans la Basse-Vendee. Mais cette
guerre se bornait maintenant a de simples escarmouches, et n'avait plus
rien d'inquietant pour la republique. Le general Turreau avait recu le
commandement de l'Ouest. Il avait partage l'armee disponible en colonnes
mobiles qui parcouraient le pays, en se dirigeant concentriquement sur un
meme point; elles battaient les bandes fugitives, et, quand elles n'avaient
pas a se battre, elles executaient le decret de la convention,
c'est-a-dire, brulaient les forets et les villages, et enlevaient la
population pour la transporter ailleurs. Plusieurs engagemens avaient eu
lieu, mais sans grands resultats. Haxo, apres avoir repris sur Charette les
iles de Noirmoutiers et de Bouin, avait espere plusieurs fois de se saisir
de lui; mais ce partisan hardi lui echappait toujours et reparaissait
bientot sur le champ de bataille, avec une constance non moins admirable
que son adresse. Cette malheureuse guerre n'etait plus desormais qu'une
guerre de devastation. Le general Turreau fut contraint de prendre une
mesure cruelle, c'etait d'ordonner aux habitans des bourgs d'abandonner le
pays, sous peine d'etre traites en ennemis s'ils y restaient. Cette mesure
les reduisait ou a quitter le sol sur lequel ils avaient tous leurs moyens
d'existence, ou a se soumettre a
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