y et l'archiduc Charles n'arriverent vers
Lille que fort tard dans la journee du 28 (17 mai). Le lendemain matin 29
(18 mai), Souham marcha vivement sur Turcoing, culbuta tout ce qui se
rencontra devant lui, et s'empara de cette position importante. De son
cote, Bonnaud, marchant de Lille sur le duc d'York, qui devait s'interposer
entre cette place et Turcoing, le trouva morcele sur une ligne etendue. Les
Anglais, quoique surpris, voulurent resister; mais nos jeunes
requisitionnaires, marchant avec ardeur, les obligerent a ceder et a fuir
en jetant leurs armes. La deroute fut telle, que le duc d'York, courant a
toute bride, ne dut son salut qu'a la vitesse de son cheval. Des ce moment
la confusion devint generale chez les coalises, et l'empereur d'Autriche,
des hauteurs de Templeuve, vit toute son armee en fuite. Pendant ce temps,
l'archiduc Charles, mal averti, mal place, demeurait inactif au-dessous de
Lille, et Clerfayt, arrete vers la Lys, etait reduit a se retirer. Telle
fut l'issue de ce _plan de destruction_. Il nous valut plusieurs milliers
de prisonniers, beaucoup de materiel, et le prestige d'une grande victoire,
remportee avec soixante-dix mille hommes sur pres de cent mille.
Pichegru arriva lorsque la bataille etait gagnee. Tous les corps coalises
se replierent sur Tournay, et Clerfayt, regagnant la Flandre, reprit sa
position de Thielt. Pichegru profita mal de cette importante victoire. Les
coalises s'etaient groupes pres de Tournay, ayant leur droite appuyee a
l'Escaut. Le general francais voulut faire enlever quelques fourrages qui
remontaient l'Escaut, et fit combattre toute l'armee pour ce but pueril.
S'approchant du fleuve, il resserra les coalises dans leur position
demi-circulaire de Tournay. Bientot tous ses corps se trouverent
successivement engages sur ce demi-cercle. Le combat le plus vif fut livre
a Pont-a-Chin, le long de l'Escaut. Il y eut pendant douze heures un
carnage affreux, et sans aucun resultat possible. Il perit des deux cotes
sept a huit mille hommes. L'armee francaise se replia apres avoir brule
quelques bateaux, et en perdant une partie de l'ascendant que la bataille
de Turcoing lui avait valu.
Cependant nous pouvions nous considerer comme victorieux en Flandre, et la
necessite ou se trouvait Cobourg de porter des renforts ailleurs allait y
rendre notre superiorite plus decidee. Sur la Sambre, Saint-Just avait
voulu operer un troisieme passage, et investir Charleroi; mais Kaunitz,
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