is leurs avis etaient peu ecoutes. Le mouvement prescrit a
cette aile droite consistait a passer la Sambre pour se diriger sur Mons.
Un premier passage fut tente le 20 floreal (9 mai); mais les dispositions
necessaires n'ayant pas ete faites sur l'autre rive, l'armee ne put s'y
maintenir, et fut obligee de repasser la Sambre en desordre. Le 22,
Saint-Just voulut tenter un nouveau passage, malgre le mauvais succes du
premier. Il eut bien mieux valu attendre l'arrivee de Jourdan, qui, avec
ses quarante-cinq mille hommes, devait rendre les succes de l'aile droite
infaillibles. Mais Saint-Just ne voulait ni hesitation ni retard; et il
fallut obeir a ce proconsul terrible. Le nouveau passage ne fut pas plus
heureux. L'armee franchit une seconde fois la Sambre; mais, attaquee encore
sur l'autre rive, avant de s'y etre solidement etablie, elle eut ete
perdue, sans la bravoure de Marceau et la fermete de Kleber.
Ainsi, depuis un mois, on se battait de Maubeuge jusqu'a la mer, avec un
acharnement incroyable, et sans succes decisifs. Heureux a la gauche, nous
etions malheureux a la droite; mais nos troupes se formaient, et le
mouvement habile et hardi prescrit a Jourdan preparait des resultats
immenses.
Le plan de Mack etait devenu inexecutable. Le general prussien Moellendorf
refusait de se rendre sur la Sambre, et disait n'avoir pas d'ordre de sa
cour. Les negociateurs anglais etaient alles faire expliquer le cabinet
prussien sur le traite de La Haye, et, en attendant, Cobourg, menace sur
l'une de ses ailes, avait ete oblige de dissoudre son centre a l'exemple de
Pichegru. Il avait renforce Kaunitz sur la Sambre, et porte le gros de son
armee vers la Flandre, aux environs de Tournay. Une action decisive se
preparait donc a la gauche, car le moment approchait ou de grandes masses
allaient s'aborder et se combattre.
On concut alors dans l'etat-major autrichien un plan qui fut appele _de
destruction_, et qui avait pour but de couper l'armee francaise de Lille,
de l'envelopper et de l'aneantir. Une pareille operation etait possible,
car les coalises pouvaient faire agir pres de cent mille hommes contre
soixante-dix, mais ils firent des dispositions singulieres pour arriver a
ce but. Les Francais etaient toujours distribues comme il suit: Souham et
Moreau a Menin et Courtray, avec cinquante mille hommes, et Bonnaud aux
environs de Lille avec vingt. Les coalises etaient toujours repartis sur
les deux flancs de cette ligne avancee
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