frontiere, de quitter ensuite la Moselle, avec quarante-cinq
mille hommes, et de se porter sur la Sambre a marches forcees. L'armee de
Jourdan, reunie a celle de Maubeuge, devait former une masse de
quatre-vingt-dix ou cent mille hommes, et entrainer la defaite des coalises
sur le point decisif. Cet ordre, le plus beau de la campagne, celui auquel
il faut en attribuer tous les resultats, partit le 11 floreal (30 avril)
des bureaux du comite de salut public.
Pendant ce temps, Cobourg avait pris Landrecies. N'attachant pas une assez
grande importance a la defaite de Clerfayt, il se contenta de detacher le
duc d'York vers Lamain, entre Tournay et Lille.
Clerfayt s'etait porte dans la West-Flandre, entre la gauche avancee des
Francais et la mer; de cette maniere, il etait encore plus eloigne
qu'auparavant de la grande armee, et du secours que lui apportait le duc
d'York. Les Francais echelonnes a Lille, Menin et Courtray, formaient une
colonne avancee en Flandre; Clerfayt, transporte a Thielt, se trouvait
entre la mer et cette colonne; le duc d'York, poste a Lamain, devant
Tournay, etait entre cette colonne et la grande masse coalisee. Clerfayt
voulut faire une tentative sur Courtray, et vint l'attaquer le 21 floreal
(10 mai). Souham se trouvait dans ce moment en arriere de Courtray; il fit
promptement ses dispositions, revint dans la place au secours de Vandamme,
et, tandis qu'il preparait une sortie, il detacha Macdonald et Malbranck
sur Menin, pour y passer la Lys, et venir tourner Clerfayt. Le combat se
livra le 22 (11 mai). Clerfayt avait fait sur la chaussee de Bruges et dans
les faubourgs les meilleures dispositions; mais nos jeunes
requisitionnaires braverent hardiment le feu des maisons et des batteries,
et apres un choc violent, obligerent Clerfayt a se retirer. Quatre mille
hommes des deux partis couvrirent le champ de bataille; et si, au lieu de
tourner l'ennemi du cote de Menin, on l'avait tourne du cote oppose, on
aurait pu lui couper sa retraite sur la Flandre.
C'etait la seconde fois que Clerfayt etait battu par notre aile gauche
victorieuse. Notre aile droite, sur la Sambre, n'etait pas aussi heureuse.
Commandee par plusieurs generaux, qui deliberaient en conseil de guerre
avec les representans Saint-Just et Lebas, elle ne fut pas aussi bien
dirigee que les deux divisions commandees par Souham et Moreau. Kleber et
Marceau, qu'on y avait transportes de la Vendee, auraient pu la conduire a
la victoire, ma
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