ais qui
avaient contribue a livrer leur port aux ennemis. A defaut des grandes
flottes qui etaient en reparation, une multitude de corsaires couvraient la
mer, et faisaient des prises considerables. Une nation hardie et
courageuse, a qui les moyens de faire la guerre d'ensemble manquent, peut
toujours recourir a la guerre de detail, et y deployer son intelligence et
sa valeur; elle fait sur terre la guerre des partisans, et sur mer celle
des corsaires. Au rapport de lord Stanhope, nous avions, de 1793 a 1794,
pris quatre cent dix batimens, tandis que les Anglais ne nous en avaient
pris que trois cent seize. Le gouvernement ne renoncait donc pas a retablir
nos forces, meme sur mer.
De si prodigieux travaux devaient porter leurs fruits, et nous allions
recueillir en 1794 le prix des efforts de 1793.
La campagne s'ouvrit d'abord sur les Pyrenees et les Alpes. Peu active aux
Pyrenees occidentales, elle devait l'etre davantage sur les Pyrenees
orientales, ou les Espagnols avaient conquis la ligne du Tech, et
occupaient encore le fameux camp du Boulou. Ricardos etait mort, et cet
habile general avait ete remplace par un de ses lieutenans, le comte de La
Union, excellent soldat, mais chef mediocre. N'ayant pas recu encore les
nouveaux renforts qu'il attendait, La Union songeait tout au plus a garder
le Boulou. Les Francais etaient commandes par le brave Dugommier, le
vainqueur de Toulon. Une partie du materiel et des troupes qui lui
servirent a prendre cette place, avaient ete transportes devant Perpignan,
tandis que les nouvelles recrues s'organisaient sur les derrieres.
Dugommier pouvait mettre trente-cinq mille hommes en ligne, et profiter du
mauvais etat ou se trouvaient actuellement les Espagnols. Dagobert,
toujours ardent malgre son age, proposait un plan d'invasion par la
Cerdagne, qui, portant les Francais au-dela des Pyrenees, et sur les
derrieres de l'armee espagnole, aurait oblige celle-ci a retrograder. On
prefera d'essayer d'abord l'attaque du camp de Boulou, et Dagobert, qui
etait avec sa division dans la Cerdagne, dut attendre le resultat de cette
attaque. Le camp de Boulou, place sur les bords du Tech, et adosse aux
Pyrenees, avait pour issue la chaussee de Bellegarde, qui forme la grande
route de France en Espagne. Dugommier, au lieu d'aborder de front les
positions ennemies, qui etaient tres bien fortifiees, songea a penetrer par
quelque moyen entre le Boulou et la chaussee de Bellegarde, de maniere a
fair
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