La nature des lieux commandait un plan d'operations fort simple, et qui
pouvait avoir des resultats tres prompts et tres vastes: c'etait de porter
la plus grande masse des forces francaises sur la Meuse, vers Namur, et de
menacer ainsi les communications des Autrichiens. C'est la qu'etait la clef
du theatre de la guerre, et qu'elle sera toujours, tant que la guerre se
fera dans les Pays-Bas contre des Autrichiens venus du Rhin. Toute
diversion en Flandre etait une imprudence; car si l'aile jetee en Flandre
se trouvait assez forte pour tenir tete aux coalises, elle ne contribuait
qu'a les repousser de front, sans compromettre leur retraite; et si elle
n'etait pas assez considerable pour obtenir des resultats decisifs, les
coalises n'avaient qu'a la laisser s'avancer dans la West-Flandre, et
pouvaient ensuite l'enfermer et l'acculer a la mer. Pichegru, avec des
connaissances, de l'esprit et assez de resolution, mais un genie militaire
assez mediocre, jugea mal la position, et Carnot, preoccupe de son plan de
l'annee precedente, persista a attaquer directement le centre de l'ennemi,
et a le faire inquieter sur ses deux ailes. En consequence, la masse
principale dut agir de Guise sur le centre des coalises, tandis que deux
fortes divisions, operant l'une sur la Lys, l'autre sur la Sambre, devaient
faire une double diversion. Tel fut le plan oppose au plan offensif de
Mack.
Cobourg commandait toujours en chef les coalises. L'empereur d'Allemagne
s'etait rendu en personne dans les Pays-Bas pour exciter son armee, et
surtout pour terminer par sa presence les divisions qui s'elevaient a
chaque instant entre les generaux allies. Cobourg reunit une masse
d'environ cent mille hommes, dans les plaines du Cateau, pour bloquer
Landrecies. C'etait la le premier acte par lequel les coalises voulaient
debuter, en attendant qu'ils pussent obtenir des Prussiens la marche de la
Moselle sur la Sambre.
Les mouvemens commencerent vers les derniers jours de germinal (mars). La
masse ennemie, apres avoir repousse les divisions francaises disseminees
devant elle, s'etablit autour de Landrecies; le duc d'York fut place en
observation vers Cambray; Cobourg vers Guise. Par le mouvement que venaient
de faire les coalises, les divisions francaises du centre, ramenees en
arriere, se trouvaient separees des divisions de Maubeuge, qui formaient
l'aile droite. Le 2 floreal (21 avril), un effort fut tente pour se
rattacher a ces divisions de Maubeuge.
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