t dans toutes les parties de
l'art de la guerre, et se repandre ensuite dans les armees.
Des efforts non moins grands etaient faits pour recomposer notre marine.
Elle etait, en 1789, de cinquante vaisseaux et d'autant de fregates. Les
desordres de la revolution et les malheurs de Toulon l'avaient reduite a
une cinquantaine de batimens, dont trente au plus pouvaient etre mis en
mer. Ce qui manquait surtout, c'etaient les equipages et les officiers. La
marine exigeait des hommes experimentes; et tous les hommes experimentes
etaient incompatibles avec la revolution. La reforme operee dans les
etats-majors de l'armee de terre, etait donc plus inevitable encore dans
les etats-majors de l'armee de mer, et devait y causer une bien plus grande
desorganisation. Les deux ministres Monge et d'Albarade avaient succombe a
ces difficultes, et avaient ete renvoyes. Le comite resolut encore ici
l'emploi des moyens extraordinaires. Jean-Bon-Saint-Andre et Prieur (de la
Marne) furent envoyes a Brest avec les pouvoirs accoutumes des commissaires
de la convention. L'escadre de Brest, apres avoir peniblement croise,
pendant quatre mois, le long des cotes de l'Ouest, pour empecher les
communications des Vendeens avec les Anglais, s'etait revoltee, par suite
de ses longues souffrances. A peine fut-elle rentree, que l'amiral Morard
de Gales fut arrete par les representans, et rendu responsable des
desordres de l'escadre. Les equipages furent entierement decomposes, et
reorganises a la maniere prompte et violente des jacobins. Des paysans, qui
n'avaient jamais navigue, furent places a bord des vaisseaux de la
republique, pour manoeuvrer contre les vieux matelots anglais; on eleva de
simples officiers aux plus hauts grades, et le capitaine de vaisseau
Villaret-Joyeuse fut promu au commandement de l'escadre. En un mois de
temps une flotte de trente vaisseaux se trouva prete a appareiller; elle
sortit pleine d'enthousiasme, et aux acclamations du peuple de Brest, non
pas, il est vrai, pour aller braver les formidables escadres de
l'Angleterre, de la Hollande et de l'Espagne, mais pour proteger un convoi
de deux cents voiles, apportant d'Amerique une quantite considerable de
grains, et pour se battre a outrance si le salut du convoi l'exigeait.
Pendant ce temps, Toulon etait le theatre de creations non moins rapides.
On reparait les vaisseaux echappes a l'incendie, on en construisait de
nouveaux. Les frais etaient pris sur les proprietes des Toulonn
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