e tomber le camp espagnol. Tout lui reussit a merveille. La Union avait
porte le gros de ses forces a Ceret, et avait laisse les hauteurs de
Saint-Christophe, qui dominent le Boulou, mal gardees. Dugommier passa le
Tech, jeta une partie de ses forces vers Saint-Christophe, attaqua avec le
reste le front des positions espagnoles, et, apres un combat assez vif,
resta maitre des hauteurs. Des ce moment, le camp n'etait plus tenable, il
fallait se retirer par la chaussee de Bellegarde; mais Dugommier s'en
empara, et ne laissa plus aux Espagnols qu'une route etroite et difficile a
travers le col de Porteil. Leur retraite se changea bientot en deroute.
Charges avec a-propos et vivacite, ils s'enfuirent en desordre, et nous
laisserent quinze cents prisonniers, cent quarante pieces de canon, huit
cents mulets charges de leurs bagages, et des effets de campement pour
vingt mille hommes. Cette victoire, remportee au milieu de floreal
(commencement de mai), nous rendit le Tech, et nous porta au-dela des
Pyrenees. Dugommier bloqua aussitot Collioure, Port-Vendre et Saint-Elme,
pour les reprendre aux Espagnols. Pendant cette importante victoire, le
brave Dagobert, atteint d'une fievre, achevait sa longue et glorieuse
carriere. Ce noble vieillard, age de 76 ans, emporta les regrets et
l'admiration de l'armee.
Rien n'etait plus brillant que notre debut aux Pyrenees orientales; du cote
des Pyrenees occidentales, nous enlevames la vallee de Bastan, et ces
triomphes sur les Espagnols que nous n'avions pas encore vaincus
jusqu'alors, exciterent une joie universelle.
Du cote des Alpes, il nous restait toujours a etablir notre ligne de
defense sur la grande chaine.
Vers la Savoie, nous avions, l'annee precedente, rejete les Piemontais dans
les vallees du Piemont, mais il nous restait a prendre les postes du petit
Saint-Bernard et du Mont-Cenis. Du cote de Nice, l'armee d'Italie campait
toujours en presence de Saorgio, sans pouvoir forcer ce formidable camp des
Fourches. Le general Dugommier avait ete remplace par le vieux Dumerbion,
brave, mais presque toujours malade de la goutte. Heureusement, il se
laissait entierement diriger par le jeune Bonaparte, qui, comme on l'a vu,
avait decide la prise de Toulon en conseillant l'attaque du
_Petit-Gibraltar_. Ce service avait valu a Bonaparte le grade de general de
brigade, et une grande consideration dans l'armee. Apres avoir observe les
positions ennemies, et reconnu l'impossibilite d'enleve
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