nstitutions de se
croiser pour la cause des monarchies, persistait a ne prendre aucun parti,
et couvrait de sa neutralite nos provinces de l'Est, les moins defendues de
toutes. Elle faisait sur le continent ce que les Americains, les Suedois et
les Danois, faisaient sur mer; elle rendait au commerce francais les memes
services, et en recueillait la meme recompense. Elle nous donnait des
chevaux dont nos armees avaient besoin, des bestiaux qui nous manquaient
depuis que la guerre avait ravage les Vosges et la Vendee; elle exportait
les produits de nos manufactures, et devenait ainsi l'intermediaire du
commerce le plus avantageux. Le Piemont continuait la guerre, sans doute
avec regret; mais il ne pouvait consentir a mettre bas les armes, apres
avoir perdu deux provinces, la Savoie et Nice, a ce jeu sanglant et
maladroit. Les puissances italiennes voulaient etre neutres, mais elles
etaient fort inquietees dans ce projet. La republique de Genes avait vu les
Anglais commettre dans son port un acte indigne, un veritable attentat au
droit des gens. Ils s'etaient empares d'une fregate francaise qui mouillait
a l'abri de la neutralite generale, et en avaient massacre l'equipage. La
Toscane avait ete obligee de renvoyer le resident francais. Naples, qui
avait reconnu la republique lorsque les escadres francaises menacaient ses
rivages, faisait de grandes demonstrations contre elle depuis que le
pavillon anglais s'etait deploye dans la Mediterranee, et promettait
dix-huit mille hommes de secours au Piemont. Rome, heureusement
impuissante, nous maudissait, et laissait egorger dans ses murs l'agent
francais Basseville. Venise enfin, quoique peu flattee du langage
demagogique de la France, ne voulait nullement s'engager dans une guerre,
et, a la faveur de sa position eloignee, esperait garder la neutralite. La
Corse etait prete a nous echapper depuis que Paoli s'etait declare pour les
Anglais; il ne nous restait plus, dans cette ile, que Bastia et Calvi.
L'Espagne, la moins coupable de tous nos ennemis, continuait une guerre
impolitique, et persistait a commettre la meme faute que la Hollande. Les
pretendus devoirs des trones, les victoires de Ricardos et l'influence
anglaise la deciderent a essayer encore d'une campagne, quoiqu'elle fut
fort epuisee, qu'elle manquat de soldats, et surtout d'argent. Le celebre
Alcudia fit disgracier d'Aranda pour avoir conseille la paix.
La politique avait donc peu change depuis l'annee precedente.
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