tis, saisi de
tous les pouvoirs, place a la tete d'une nation enthousiaste et
victorieuse, proclamant le regne de la vertu et le dogme de l'Etre supreme,
etait au sommet de sa puissance et au dernier terme de ses systemes.
CHAPITRE XX.
ETAT DE L'EUROPE AU COMMENCEMENT DE L'ANNEE 1794 (AN II).--PREPARATIFS
UNIVERSELS DE GUERRE. POLITIQUE DE PITT. PLANS DES COALISES ET DES
FRANCAIS.--ETAT DE NOS ARMEES DE TERRE ET DE MER; ACTIVITE ET ENERGIE DU
GOUVERNEMENT POUR TROUVER ET UTILISER LES RESSOURCES.--OUVERTURE DE LA
CAMPAGNE; OCCUPATION DES PYRENEES ET DES ALPES.--OPERATIONS DANS LES
PAYS-BAS. COMBATS SUR LA SAMBRE ET SUR LA LYS.--VICTOIRE DE TURCOING.--FIN
DE LA GUERRE DE LA VENDEE.--COMMENCEMENT DE LA GUERRE DES
CHOUANS.--EVENEMENS DANS LES COLONIES.--DESASTRE DE SAINT-DOMINGUE.--PERTE
DE LA MARTINIQUE.--BATAILLE NAVALE.
L'hiver avait ete employe en Europe et en France a faire les preparatifs
d'une nouvelle campagne. L'Angleterre etait toujours l'ame de la coalition,
et poussait les puissances du continent a venir detruire, sur les bords de
la Seine, une revolution qui l'effrayait et une rivale qui lui etait
odieuse. L'implacable fils de Chatam avait fait cette annee des efforts
immenses pour ecraser la France. Toutefois, ce n'etait pas sans obstacle
qu'il avait obtenu du parlement des moyens proportionnes a ses vastes
projets. Lord Stanhope, dans la chambre haute, Fox, Sheridan, dans la
chambre basse, etaient toujours opposes au systeme de la guerre. Ils
refusaient tous les sacrifices demandes par les ministres; ils ne voulaient
accorder que ce qui etait necessaire a l'armement des cotes, et surtout ils
ne pouvaient pas souffrir que l'on qualifiat cette guerre de _juste et
necessaire_; elle etait, disaient-ils, inique, ruineuse; et punie de justes
revers. Les motifs tires de l'ouverture de l'Escaut, des dangers de la
Hollande, de la necessite de defendre la constitution britannique, etaient
faux. La Hollande n'avait pas ete mise en peril par l'ouverture de
l'Escaut, et la constitution britannique n'etait point menacee. Le but des
ministres etait, selon eux, de detruire un peuple qui avait voulu devenir
libre, et d'augmenter sans cesse leur influence et leur autorite
personnelle, sous pretexte de resister aux machinations des jacobins
francais. Cette lutte avait ete soutenue par des moyens iniques. On avait
fomente la guerre civile et le massacre; mais un peuple brave et genereux
avait dejoue les tentatives d
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