e ses adversaires par un courage et des
efforts sans exemple. Stanhope, Fox, Sheridan, concluaient qu'une lutte
pareille deshonorait et ruinait l'Angleterre. Ils se trompaient sous un
rapport. L'opposition anglaise peut souvent reprocher a son ministere de
faire des guerres injustes, mais jamais desavantageuses. Si la guerre faite
a la France n'avait aucun motif de justice, elle avait des motifs de
politique excellens, comme on va le voir, et l'opposition, trompee par des
sentimens genereux, oubliait les avantages qui allaient en resulter pour
l'Angleterre.
Pitt feignait d'etre effraye des menaces de descente faites a la tribune de
la convention; il pretendait que des paysans de Kent avaient dit: Voici les
Francais qui vont nous apporter les droits de l'homme. Il s'autorisait de
ces propos (payes, dit-on, par lui-meme) pour pretendre que la constitution
etait menacee; il avait denonce les societes constitutionnelles de
l'Angleterre, devenues un peu plus actives par l'exemple des clubs de
France, et il soutenait qu'elles voulaient etablir une convention sous
pretexte d'une reforme parlementaire. En consequence il demanda la
suspension de l'_habeas corpus_, la saisie des papiers de ces societes, et
la mise en accusation de quelques-uns de leurs membres. Il demanda en outre
la faculte d'enroler des volontaires, et de les entretenir au moyen des
_benevolences_ ou souscriptions, d'augmenter l'armee de terre et la marine,
de solder un corps de quarante mille etrangers, Francais emigres ou autres.
L'opposition fit une vive resistance; elle soutint que rien ne motivait la
suspension de la plus precieuse des libertes anglaises; que les societes
accusees deliberaient en public, que leurs voeux hautement exprimes ne
pouvaient etre des conspirations, que ces voeux etaient ceux de toute
l'Angleterre, puisqu'ils se bornaient a la reforme parlementaire; que
l'augmentation demesuree de l'armee de terre etait un danger pour le peuple
anglais; que si les volontaires pouvaient etre armes par souscription, il
deviendrait loisible au ministre de lever des armees sans l'autorisation du
parlement; que la solde d'un aussi grand nombre d'etrangers etait ruineuse,
et qu'elle n'avait d'autre but que de payer les Francais traitres a leur
patrie; Malgre les remontrances de l'opposition, qui n'avait jamais ete ni
plus eloquente, ni moins nombreuse, car elle ne comptait pas plus de trente
ou quarante voix, Pitt obtint tout ce qu'il voulut, et fit sanc
|