que cela l'emportera sur les
embarras de sa position." Une fois encore--mais c'est la derniere--elle
remercie Musset de "l'avoir remise dans les mains d'un etre dont
l'affection et la vertu sont immuables comme les Alpes." Elle va donc
revoir ses enfants et son Alfred--ses trois enfants--elle constatera, de
ses propres yeux, s'il est rose comme autrefois et gras comme il s'en
vante. "Que je sois bien rassuree sur ta sante, ecrit-elle, et que mon
coeur se dilate en t'embrassant comme mon Maurice, et en t'entendant me
dire que tu es mon ami, mon fils bien-aime, et que tu ne changeras jamais
pour moi!" Cette maternite en partie double--ou meme triple, si l'on
n'oublie pas Solange--est le tout de sa vie. Et Pagello? direz-vous. Elle
a vite fait sa part. "Quant a Pierre, c'est un corps qui nous enterrera
tous, c'est un coeur qui ne s'appartient plus et qui est a _nous_ comme
celui que nous avons dans la poitrine." Puis elle termine en hate par ce
paragraphe qui resume bien la complexite bizarre de ses sentiments: "Adieu,
adieu, mon cher ange, ne sois pas triste a cause de moi. Cherche, au
contraire, ton esperance et ta consolation dans le souvenir de ta vieille
mignonne, qui te cherit et qui prie Dieu pour que tu sois aime."
Enfin, il y a une lettre d'Alfred de Musset, en date du 11 juillet, qui se
divise en deux parties. L'une est dediee _al mio caro Pietro Pagello_.
Elle traite sur le ton du badinage ses recommandations relatives au vin de
champagne: "Je vous promets que jamais, jamais je ne boirai plus de cette
maudite boisson--sans me faire les plus grands reproches." Et le poete
ajoute: "George me mande que vous hesitez a venir ici avec elle; il faut
venir, mon ami, ou ne pas la laisser partir." Signe: "Un de vos meilleurs
amis, Alfred de Musset." Les autres feuilles, destinees a George Sand, ont
ete depecees par elle a coups de ciseaux. Il n'en subsiste, pour ainsi
dire, que ce bout de conversation: "Dites-moi, monsieur, est-il-vrai que
madame Sand soit une femme adorable?"--Telle est l'honnete question qu'une
belle bete m'adressait l'autre jour. La chere creature ne l'a pas repetee
moins de trois fois, pour voir apparemment si je varierais mes
reponses.--"Chante, mon brave coq, me disais-je tout bas, tu ne me feras
pas renier, comme saint Pierre."
Ni l'_Histoire de ma Vie_, ni la _Correspondance_ ne contiennent de
details sur les circonstances qui precederent et determinerent le depart
de George Sand. Le journal int
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