a ses
engagements. Il demanda une signature a sa femme, qui ne la refusa pas.
C'etait un vague palliatif. "Il avait achete, dit-elle, des terres qu'il
ne pouvait payer; il etait inquiet, chagrin. Quand j'eus signe, les choses
n'allerent pas mieux, selon lui. Il n'avait pas resolu le probleme qu'il
m'avait donne a resoudre quelques annees auparavant; ses depenses
excedaient nos revenus. La cave seule en emportait une grosse part." Elle
signala certaines friponneries flagrantes des domestiques. Il se facha,
lui defendit de se meler de ses affaires, de critiquer sa gestion et de
commander a ses gens. Il la ruinait, et elle devait se taire.
Aussi bien, apres avoir souscrit, puis rompu le contrat qui reglait leurs
interets financiers, il ne craignit pas de se livrer aux pires outrages et
meme a des sevices envers sa femme. Le 19 octobre 1835, survint une scene
decisive, irreparable. Voici en quels termes Michel la relate et
l'explique, dans la plaidoirie qu'il prononca pour George Sand devant la
Cour de Bourges et qui fut reproduite par la _Gazette des Tribunaux_, du
30 juillet 1836:
"Les femmes seules ne sont pas capricieuses; il y a des hommes qui ont
aussi leurs caprices. Voila que M. Dudevant veut mener la vie de garcon.
Il fut question de proceder a l'execution du traite de fevrier, et de le
mettre ainsi en position de satisfaire son nouveau caprice. Il y eut une
entrevue entre les epoux. Leurs amis communs furent invites. Il y eut un
diner. Apres le repas, on prenait le cafe. L'enfant des deux epoux,
Maurice, demanda de la creme. "Il n'y en a plus, repondit le pere; va a la
cuisine; d'ailleurs, sors d'ici." L'enfant, au lieu de sortir, se refugia
aupres de sa mere; M. Dudevant insista de nouveau pour qu'il sortit, et
madame Dudevant dit elle-meme a son fils: "Sors, puisque ton pere le
veut." Il s'eleva alors une altercation entre les epoux, altercation dans
laquelle l'epouse montra le plus grand calme et le mari la plus grande
violence. Il alla meme jusqu'a dire a sa femme: "Sors, toi aussi." Il fit
mine de la frapper; il en fut empeche par les personnes qui etaient
presentes. Il se retira pour aller prendre son fusil, qu'on parvint a lui
retirer des mains."
Cette version n'a pas ete contredite par l'avocat de Casimir Dudevant.
Elle est exacte de tous points et n'aggrave aucunement les faits. Ce fut
chez cet egoiste, qui sentait qu'une partie de ses revenus allait bientot
lui echapper, une veritable crise de foli
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