rilogie ou la trinite mystique, chere a
Pierre Leroux, et que George Sand resumait en une lettre a mademoiselle
Leroyer de Chantepie, le 28 aout 1842: "Je crois a la vie eternelle, a
l'humanite eternelle, au progres eternel." Cette religion de bienfaisance
et d'amour ouvre a nos regards des perspectives infinies de beaute, de
bonheur et d'espoir. Le maitre a vu clair dans ces espaces, et le neophyte,
qui a la foi, redit ce que le maitre a vu. Il s'en fait gloire et le
proclame dans une lettre a M. Guillon, du 14 fevrier 1844: "George Sand
n'est qu'un pale reflet de Pierre Leroux, un disciple fanatique du meme
ideal, mais un disciple muet et ravi devant sa parole, toujours pret a
jeter au feu toutes ses oeuvres, pour ecrire, parler, penser, prier et
agir sous son inspiration. Je ne suis que le vulgarisateur a la plume
diligente et au coeur impressionnable, qui cherche a traduire dans des
romans la philosophie du maitre. Otez-vous donc de l'esprit que je suis un
grand talent. Je ne suis rien du tout, qu'un croyant docile et penetre."
Suit une declaration, que nous n'accepterons pas sans reserve, sur le
genre d'amour, essentiellement platonique,--"psychique" dirait le Bellac
du _Monde ou l'on s'ennuie_,--qui a fait ce miracle. "L'amour de l'ame,
dit-elle, je le veux bien, car, de la criniere du philosophe, je n'ai
jamais songe a toucher un cheveu et n'ai jamais eu plus de rapports avec
elle qu'avec la barbe du Grand Turc. Je dis cela pour que vous sentiez
bien que c'est un acte de foi serieux, le plus serieux de ma vie, et non
l'engouement equivoque d'une petite dame pour son medecin ou son
confesseur. Il y a encore de la religion et de la foi en ce monde."
Cette foi, cette religion, qui evoquent la memoire du Vicaire Savoyard,
vont prendre corps dans un couvent de Benedictins ou doit eclore et
rayonner la lumiere du renouveau. Hebronius, c'est-a-dire Spiridion, moine
parvenu aux extremes confins d'un spiritualisme epure qui, derriere le
mythe et le symbole, entrevoit la realite divine, a depouille, au
sanctuaire de sa conscience, toutes les superstitions rituelles. George
Sand nous depeint ainsi l'etat douloureux de cette ame: "Il renonca sans
retour au christianisme; mais, comme il n'avait plus de religion nouvelle
a embrasser a la place, et que, devenu plus prudent et plus calme, il ne
voulait pas se faire inutilement accuser encore d'inconstance et
d'apostasie, il garda toutes les pratiques exterieures de ce culte qu'il
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