foi est perdue sur la terre, et le vice est
impuni."
Comment reveiller la foi et exterminer le vice? Il faut d'abord, a
l'estime du P. Alexis, echo de Spiridion, c'est-a-dire de Pierre Leroux,
remonter a l'origine de l'Etre et se donner a soi-meme une explication
plus normale que la simple pre-existence d'un Dieu pur esprit, qui tire de
sa seule substance la matiere et peut la faire rentrer en lui par un
aneantissement pareil a sa creation. Voici de la Cause des causes, dont
nous sommes les effets, l'interpretation metaphysique que le vertueux
Alexis ne saurait admettre: "Organise comme il l'est, l'homme, qui ne doit
pourtant juger et croire que d'apres ses perceptions, peut-il concevoir
qu'on fasse de rien quelque chose, et de quelque chose rien? Et sur cette
base, quel edifice se trouve bati? Que vient faire l'homme sur ce monde
materiel que le pur esprit a tire de lui-meme? Il a ete tire et forme de
la matiere, puis place dessus par le Dieu qui connait l'avenir, pour etre
soumis a des epreuves que ce Dieu dispose a son gre et dont il sait
d'avance l'issue, pour lutter, en un mot, contre un danger auquel il doit
necessairement succomber, et expier ensuite une faute qu'il n'a pu
s'empecher de commettre."
A cette conception des antiques theologies, que l'on retrouve encore dans
le christianisme, Spiridion opposait une croyance d'eternel devenir et de
perpetuel recommencement, qu'il deduisait au cours de ses entretiens avec
Fulgence: "Que peut signifier ce mot, _passe?_ et quelle action veut
marquer ce verbe, _n'etre plus?_ Ne sont-ce pas la des idees creees par
l'erreur de nos sens et l'impuissance de notre raison? Ce qui a ete
peut-il cesser d'etre? Et ce qui est peut-il n'avoir pas ete de tout
temps?" Puis, comme Fulgence l'interroge a la maniere dont les apotres
interrogeaient le Christ, et lui demande s'il ne mourra point ou si on le
verra encore apres qu'il ne sera plus, Spiridion insiste et cherche a
preciser. C'est ici qu'en depit de ses efforts la doctrine devient fluide:
"Je ne serai plus et je serai encore, repondit le maitre. Si tu ne cesses
pas de m'aimer, tu me verras, tu me sentiras, tu m'entendras partout. Ma
forme sera devant tes yeux, parce qu'elle restera gravee dans ton esprit;
ma voix vibrera a ton oreille, parce qu'elle restera dans la memoire de
ton coeur; mon esprit se revelera encore a ton esprit, parce que ton ame
me comprend et me possede." Par suite, la mort n'est plus qu'une apparence,
c'
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