terme de la _Comtesse de Rudolstadt!_ Elles rappellent la maxime
admirable du sage: "Il faut travailler comme si l'on devait vivre toujours,
et etre pret comme si l'on devait partir demain." Cet ideal de perfection,
de bonte et d'amour, hantait l'ame genereuse de George Sand, alors que la
calomnie stupide l'accusait d'aller le dimanche a la barriere et d'en
revenir ivre avec Pierre Leroux.
CHAPITRE XXI
INFLUENCE ARTISTIQUE: LISZT ET CHOPIN
C'est a Franz Liszt qu'est adressee la septieme des _Lettres d'un
Voyageur_, sur Lavater et la maison deserte. A ce grand musicien,
"l'enfant sublime", de quoi George Sand pouvait-elle parler, sinon de
musique? "Heureux amis! s'ecrie-t-elle, que l'art auquel vous vous etes
adonnes est une noble et douce vocation, et que le mien est aride et
facheux aupres du votre! Il me faut travailler dans le silence et la
solitude, tandis que le musicien vit d'accord, de sympathie et d'union
avec ses eleves et ses executants. La musique s'enseigne, se revele, se
repand, se communique. L'harmonie des sons n'exige-t-elle pas celle des
volontes et des sentiments? Quelle superbe republique realisent cent
instrumentistes reunis par un meme esprit d'ordre et d'amour pour executer
la symphonie d'un grand maitre! Oui, la musique, c'est la priere, c'est la
foi, c'est l'amitie, c'est l'association par excellence." En meme temps
qu'a Franz Liszt, cette definition enthousiaste etait destinee a celle qui
partageait sa vie et qui, pour lui, avait sacrifie les seductions du monde
et l'orgueil d'une origine aristocratique, la brillante Marie de Flavigny,
comtesse d'Agoult, en litterature Daniel Stern.
George Sand avait rencontre Liszt, en 1834, au temps de son intimite avec
Alfred de Musset. Elle le tint d'abord a distance, pour complaire sans
doute a son ombrageux amant. Plus tard, quand l'illustre pianiste eut
contracte une liaison rendue publique, tous obstacles disparurent. Au mois
de mai 1835, George Sand ecrivait a madame d'Agoult, qui avait suivi Liszt
a Geneve: "Ma belle comtesse aux beaux cheveux blonds, je ne vous connais
pas personnellement, mais j'ai entendu Franz parler de vous et je vous ai
vue. Je crois que, d'apres cela, je puis sans folie vous dire que je vous
aime, que vous me semblez la seule chose belle, estimable et vraiment
noble que j'aie vue briller dans la sphere patricienne. Il faut que vous
soyez en effet bien puissante pour que j'aie oublie que vous etes
comtesse. Mais,
|