_,
mais toujours avec des restrictions, on n'obtient pas, on arrache!" Le 18
fevrier, il la felicite de derober le plus de victimes possible a la
reaction. Et le 27 mai: "Voici, dit-il, une occasion pour moi d'etre utile
a de malheureux republicains dont je partage les opinions." Langage de
prince, qui se declare democrate, mais qui a accepte une grosse dotation
et, l'Empire retabli, habitera au Palais-Royal!
C'est au President lui meme que George Sand demande une audience, le 26
janvier 1852, en une longue lettre dont il faut retenir les passages
essentiels: "Je ne suis pas madame de Stael. Je n'ai ni son genie ni
l'orgueil qu'elle mit a lutter contre la double force du genie et de la
puissance... Prince, je vous ai toujours regarde comme un genie socialiste,
et, le 2 Decembre, apres la stupeur d'un instant, en presence de ce
dernier lambeau de societe republicaine foule aux pieds de la conquete,
mon premier cri a ete: "O Barbes, voila la souverainete du but! Je ne
l'acceptais pas meme dans ta bouche austere: mais voila que Dieu te donne
raison et qu'il l'impose a la France, comme sa derniere chance de salut,
au milieu de la corruption des esprits et de la confusion des idees...
Vous qui, pour accomplir de tels evenements, avez eu devant les yeux une
apparition ideale de justice et de verite, il importe bien que vous
sachiez ceci: c'est que je n'ai pas ete seule dans ma religion a accepter
votre avenement avec la soumission qu'on doit a la logique de la
Providence." Enfin, la lettre se termine par ces mots: "Amnistie, amnistie
bientot, mon Prince!" A travers l'appel a la pitie, c'est l'acquiescement
au regime issu du coup d'Etat. Tandis qu'elle adresse encore a Jules
Hetzel, le 20 fevrier 1832, une profession de foi republicaine ou elle
atteste que "toute la seve etait dans quelques hommes aujourd'hui
prisonniers, morts ou bannis," George Sand ecrit, le 1er du meme mois, au
chef de cabinet du ministre de l'Interieur: "Le peuple accepte, nous
devons accepter." Et le meme jour, helas! qu'elle renouvelait a Hetzel
l'assurance de son republicanisme, elle disait humblement au
Prince-President: "Prenez la couronne de la clemence; celle-la, on ne la
perd jamais." Puis le mois suivant: "Prince, prince, ecoutez la femme qui
a des cheveux blancs et qui vous prie a genoux; la femme cent fois
calomniee, qui est toujours sortie pure, devant Dieu et devant les temoins
de sa conduite, de toutes les epreuves de la vie, la femme qui n'
|